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302 DOUTES SUR LE TESTAxAIENT

cation, tous ont étudié les lois : la dissipation et les plaisirs, suite ordinaire de la richesse, ne les ont point corrompus ; ils enseignent les magistrats, et sont par conséquent dignes de Têtre.

Avouons que la vénalité des charges est un très-grand mal, qui n'a eu sa source que dans les malheurs de François I"" et dans la très-mauvaise administration de ses finances.

Ce serait une chose monstrueuse en Angleterre, en Alle- magne, en Espagne, et même dans presque toute l'Italie, que d'acheter le droit de juger les hommes comme on achète un pré et un champ. Cet ahus n'est connu ni en Turquie, ni en Perse, ni à la Chine.

Enfin je ne puis imaginer qu'un ministre ait pu conseiller le maintien de ce trafic honteux contre lequel l'univers entier réclame. Tous ceux qui exercent aujourd'hui la magistrature en France avec tant de dignité et de justice aimeraient mieux avoir été élus à la pluralité des voix, comme ils l'auraient été sans doute, que d'avoir tous acheté leur office à prix d'argent. Ainsi cette magistrature elle-même s'élève, avec le reste de la terre, contre l'abus qu'on suppose approuvé par le cardinal de Richelieu.

CONCLUSION.

Je persiste toujours, monsieur, dans mon sentiment, qui a été le vôtre, et qui-semble encore l'être, c'est-à-dire que le cardinal de Richelieu put jeter un coup d'œil sur la Narration succincte de l'abbé de Raurzeis; et j'ajoute que, si le cardinal avait vu le reste, il n'aurait pas eu grande opinion de la capacité de ce projeteur.

Le monde est plein de ces donneurs d'avis qui font parler les ministres ; mais j'ose croire que toutes les fois qu'on attribue à un ministre des projets visiblement impraticables, des calculs erronés, des assertions évidemment fausses, des erreurs gros- sières sur les choses les plus communes, des déclamations de rhétorique sans objet précis, et de vagues réflexions sans con- venance, qui n'ont rien de commun ni avec l'état présent des choses, ni avec la situation du ministre, ni avec le caractère du prince à qui s'adressent ces discours, on peut être assuré que l'ouvrage n'est point du ministre.

Pouvez-vous penser autrement, monsieur, vous qui soupçon- nez toujours dans vos remarques que Rourzeis et Dageant ont fabriqué le Testament politique? vous qui, effrayé des bévues dont les chapitres sur le commerce et la finance fourmillent, dites, page 118 : (( Ce pourrait bien être le fruit du travail de Da-

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