Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

300 DOUTES SUR LE TESTAMENT

(( Quel avantage tirerons-nous de la révolte de la Catalogne contre le roi d'Espagne, et de la prise de Turin par le comte de Harcourt de Lorraine?

« Quels négociateurs emploierons-nous pour attacher le land- grave de liesse aux intérêts de la France? Avons-nous assez d'ar- gent pour lui payer des subsides?

« Quels secours pouvons-nous donner au Portugal?

(( Par quel moyen pourrons-nous dissiper les conspirations qui se trament en secret en France ?

« Quelles propositions faudra- 1 -il faire au duc de Bouillon pour l'engager à céder sa principauté de Sedan, et à n'avoir désormais d'autre intérêt que celui de me servir ?

« Que dois-jc faire surtout pour écarter de mon frère les conseillers pernicieux qui sont prêts de l'engager à prendre les armes ?

« Parlez-moi de tant d'intérêts importants de qui dépend le destin de l'Europe et de la France : ces seuls objets sont dignes de vous et de moi ; laissez là vos viandes servies sans sauce, et vos sept paragraphes des devoirs d'un conseiller d'État. Je veux

bien que l'abbé de Bourzeis, et Sirmond, et Salomon, etc ,

aient le brevet de conseiller d'État pour faire votre panégyrique, mais je ne veux pas qu'ils m'ennuient.

« Votre abbé de Bourzeis m'a déjti fait perdre mon temps à lire une Narration succincte et erronée de ce qui s'est passé pu- bliquement depuis quelques années, et de ce que je savais mieux que lui. Tâchez donc de me procurer un mémoire succinct de ce que je dois faire; que l'un soit la suite do l'autre, et si Bourzeis n'est pas capable d'un tel ouvrage, donnez-le à faire à Colletet ou à Chapelain. »

Je demande à M. de Foncemagne, et à tous les lecteurs, si un tel discours dans la bouche de Louis XIII n'aurait pas été d'au- tant plus raisonnable que le testateur politique emploie une section entière à prouver qu'il faut être gouverné par la raison ?

SUITE DE CETTE QUESTION.

Trouvez bon, monsieur, que je me serve encore d'une de vos allégations pour me prouver invinciblement à moi-même que ce célèbre ministre n'a point fait le testament qu'on lui re- proche.

Vous le reconnaissez, dites-vous, au conseil qu'il donne à Louis XIII en ces termes : « Conjurant Votre Majesté d'appliquer

�� �