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règne de Dieu est le principe du gouvernement des États, et que la pureté d’un prince chaste bannira plus d’impureté du royaume que toutes les ordonnances qu’il saurait faire à cette fin.

<( Écoutez, sire, cette vérité si peu connue : la raison doit être la règle et la conduite d’un État ; la lumière naturelle fait connaître à un chacun que l’homme, ayant été fait raisonnable, ne doit rien faire que par raison. »

Cette maxime est nouvelle, je l’avoue; mais elle n’en est pas moins curieuse, et elle prouve qu’il ne faut pas croire le P. Canaye, qui loue tant le maréchal d’Hocquincourt de n’avoir point de raison ^

(( Je vous apprends que la prévoyance est nécessaire au gou- vernement d’un État.

(( Je me donnerai bien de garde de vous dire quels négocia- teurs secrets il faudrait employer pour détacher l’Angleterre de l’Allemagne et de la Hollande, et pour opposer le comte d’Oxford au duc de Marlborougli ; mais lisez, si vous pouvez, mon cha- pitre VII, où je parle des négociations: je vous y apprends que la faveur peut innocemment avoir lieu dans quelques choses, lors- que le trône de cette fausse déesse est élevé au-dessus de la raison ; lisez le chapitre vu, où un abbé que j’ai consulté dit que les Français, étant destitués de flegme, sont des viandes servies sans sauce. »

Si le maréchal de Villars avait parlé ainsi, n’est-il pas vrai que le roi Louis XIV l’aurait cru un peu affaibli du cerveau, et ne l’eût certainement pas envoyé commander sur la frontière ?

Voilà pourtant très-précisément ce qu’on impute au cardinal de Richelieu.

Maintenant je suppose que le cardinal eût donné à lire son testament à Louis XIII, qui ne lisait jamais; je suppose même que le roi eût fait l’effort difficile de parcourir cet ouvrage ; dans quel excès de surprise ne serait-il pas tombé? N’aurait-il pas été en droit de dire à son ministre : « J’attends de vous des conseils un peu plus précis : vous savez de quelle importance il est d’attacher à mon service les troupes veimariennes, et que c’est l’unique moyen d’incorporer l’Alsace à la France.

« La Savoie va nous échapper ; le chancelier Oxenstiern peut faire une paix avantageuse avec l’Allemagne, et nous abandonner. De grands troubles se préparent en Angleterre, dont il me semble que nous pouvons profiter.

1. Voyez la note 4, tome XXIII, page 504.

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