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296 DOUTES SUR LE TESTAMENT

Premièrement, l'auteur met le denier cinq pour le denier vingt. Secondement, comment imaginer que dans sept années et demie un fonds est absorbé par la jouissance à cinq pour cent? Ces cinq pour cent en sept années et demie font trente-sept et demi : or je demande à Barème si trente-sept et demi font cent?

Je prie tous les calculateurs, et tous les hommes versés dans la finance, de lire ce chapitre, et de dire s'ils ont jamais vu de pareils comptes et de pareils projets de ministre.

AUTRES PREUVES.

Vous voyez que sur terre et sur mer le rédacteur du Testament politique s'éloigne assez des idées ordinaires. Il soutient qu'il n'y a point d'établissements à faire dans l'occident ; les Anglais et les Hollandais nous ont bien prouvé le contraire, et il est très- certain que le feu comte Maurice, qui était plein de vie en 1642, gouvernait le Brésil, que les Hollandais avaient conquis sur les Portugaise

M. de Foncemagne me dit quej'ai confondu ce comte Maurice avec le Maurice prince d'Orange. Non, c'est l'abbé de Bourzeis qui les confond, et c'est une de ses moindres méprises.

Il n'y a sans doute que cet abbé de Bourzeis qui ait pu avancer (chap. ix) que Gênes était la plus riche ville d'Italie, tandis que le pape jouissait de quinze millions de nos livres de rente, tandis que Livourne faisait un plus grand commerce que Gênes, tandis que Venise trouva des fonds assez considérables pour résister aux forces de l'empire ottoman.

RÉFLEXION.

Je crains que tant de fautes accumulées ne fatiguent le lec- teur ainsi que moi. Je finis par cette grande difficulté à laquelle on n'a jamais pu répondre, et que j'ai indiquée dans mes pre- mières réflexions 2, Y a-t-il quelqu'un qui puisse croire qu'un premier ministre parle à son roi de tant de petits détails qui n'appartiennent qu'à des commis subalternes, et surtout de tant de calculs erronés et de projets chimériques de finance, qui n'ap- partiennent qu'à ces écrivains qu'on appelle en Angleterre proje- teurs ? qu'il propose aux Français de ne s'habiller que d'un bon

��1. Voyez tome XXIII, page 451.

2. Voyez tome XXIII, page 445.

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