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absurdité est-elle possible ? est-elle concevable ? et après cette preuve de supposition, en faut-il d’autres encore ?

L’abbé de Bourzeis aura donc mis ses idées, vers l’an 1660, à la suite de la Narration succincte; ce manuscrit sera tombé entre les mains de Mme la duchesse d’Aiguillon, seconde du nom ; on l’aura enlevé chez elle, après sa mort, avec toutes les négociations du cardinal : voilà tout le mystère ; rien n’est plus naturel, plus simple, plus aisé à concilier.


RÉFLEXION.


Je ne répéterai pas ici ce que j’ai déjà dit de la fausseté des faits, des réflexions et des calculs. L’auteur du prétendu testament prétend que « quand on étal)lit un nouvel impôt on est obligé de donner une plus grande paye aux soldats ». Cela est faux dans tous les États de l’Europe : donc le cardinal de Richelieu ne peut l’avoir dit. M. de Foncemagne laisse cette objection accablante sans réplique.

Il est parlé, dans le prétendu testament, des grands périls de la navigation d’Espagne en Italie, et d’Italie en Espagne. Il est impossible que le cardinal de Richelieu, surintendant des mers, ait parlé avec tant d’ignorance : aussi M. de Foncemagne se garde bien de justifier l’abbé de Bourzeis. sur cet article.

Ce même abbé de Bourzeis, dans ce même prétendu testament, ose dire que la seule Provence a plus de beaux ports que la monarchie d’Espagne. Encore une fois, comment le surintendant des mers aurait-il pu avancer une fausseté si publique?

PREUVES DE LA SUPPOSITION DU TESTAMENT.

AFFAIRES DE FINANCE.

A toutes ces vraisemblances, qui me paraissent des certitudes, j’ajouterai toujours que si le cardinal a voulu donner des leçons à son maître, il a donné des leçons bien étranges : s’il entre dans quelques détails, il se trompe toujours; s’il parle de finances, chapitre ix, il fait des fautes qu’un écolier qui apprendrait l’arithmétique ne commettrait pas.

« De trente millions à supprimer, il y en a près de sept dont le remboursement ne devant être fait qu’au denier cinq, la suppression se fera en sept années et demie par la seule jouissance. »