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286 DOUTES SUR LE TESTAMENT

Ces mémoires portent tous un caractère de vérité qui ne permet aucun doute sur leurs auteurs. Au contraire les anachro- nismes, les erreurs de toute espèce qui fourmillent dans le testa- ment du cardinal, font naître des doutes dans l'esprit de tous ceux qui réfléchissent.

OBJECTION.

M. de Foncemagne dit que a dans le catalogue des livres de feu M. l'abbé deRothelin, on trouva un Testament politique du car- dinal de Richelieu, relié en maroquin rouge ».

RÉPONSE.

Il sait bien que ce maroquin rouge n'est pas une preuve que ce testament fut présenté à Louis XIH. Un Romain qui aurait eu dans sa bibliothèque un Pétrone en maroquin rouge aurait-il dû conclure que cet ouvrage licencieux, d'un jeune débauché^ sor- tant des écoles, était l'ouvrage du consul Petronius ? On aurait beau relier les Fausses Décrètales en maroquin rouge, elles n'en seraient pas moins fausses.

Aussi le judicieux M. de Foncemagne ne fait pas grand fond sur cette preuve qu'il allègue ^

OBJECTION TRÈS-FORTE DE M. DE FONCEMAGNE.

Ce sage et savant critique me fait une objection bien plus importante, et qui peut faire une très-grande impression sur les esprits : c'est qu'il se trouve au dépôt des afl"aires étrangères une copie du testament du cardinal de Richelieu. Je ne suis pas cà portée de la voir dans le fond de mes déserts, et, quand je serais au Louvre, je ne pourrais m'en rapporter à mes yeux, à qui la lumière est presque entièrement refusée. Je fais lire la lettre de M. de Foncemagne, je dicte mes doutes, et je lui demande des éclaircissements.

Le nouveau testament qu'il a fait imprimer porte, dit-il, des corrections en marge, de la main du cardinal de Richelieu ; ces corrections, d'une demi-ligne, sont dans le discours préliminaire

1. Voyez le chapitre xiv du Pijrrhonisme de rhistoire.

2. « A l'égard du testament relié en maroquin rouge, écrit Voltaire à d'Argen- tal, la faute en est faite. Cette petite et innocente plaisanterie pourrait-elle blesser M. de Foncemagne, surtout quand ce n'est pas une viande sans sauce, et quand j'assaisonne la raillerie d'un correctif et d'un éloge? »

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