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284 DOUTES SUR LE TESTAMENT

faire aux ennemis de marquer l'année 1G38 pour lui avoir été favorable, sur ce que la prise de Brisacli devait avoir effacé toutes nos disgrâces. Ce lui aurait été une espèce de crime que d'omettre notre plus signalé bonheur de cette année-là, qui fut la naissance de monseigneur le dauphin.

« Cette omission donc n'était guère moins remarquable que la contradiction qui se voyait au même testament, où il est dit, tantôt que la paix était faite, et tantôt qu'elle ne l'était pas. D'où il se peut infailliblement conclure que cette pièce est d'autant plus fausse qu'elle était tout à fait inutile. »

Quand il n'y aurait que cette preuve, elle suffirait, à mon avis, pour constater que le Testament politique ne peut être du cardinal de Richelieu.

Le dernier critique qui a fait voir évidemment la supi)osition est le savant La Monnoye; on veut récuser aujourd'hui son témoi- gnage *, parce qu'il est trop décisif ; et on se contente de dire que « ce savant homme n'avait pas tourné ses études du côté de ces recherches ».

C'est précisément à ces recherches qu'il s'appliqua ses vingt dernières années ; voyez sa Vie de Ménage, ses additions au 3Iena- giana, sa dissertation sur le livre des Trois Imposteurs; c'était dans cette partie qu'il excellait.

Dans une discussion de cette nature, le lecteur doit, ce me semble, agir comme un juge équitable, qui n'adjugera jamais à personne un bien contesté que sur des preuves évidentes.

Vous assurez, malgré la déposition formelle de l'historiogra- phe du cardinal de Richelieu, payé pour faire son panégyrique, que le Testament politique est de ce ministre. On vous y montre des méprises grossières, indignes de tout homme en place et de tout écrivain. Montrez-nous donc quelques preuves convaincantes que le cardinal de Richelieu est en effet l'auteur de ces bévues.

Vous êtes tenu de faire voir au moins l'ouvrage signé de sa main ; vous n'avez que cette unique ressource, et encore nous examinerons si cette preuve serait décisive.

OBJECTION.

(( Il ne paraît pas facile, dit-on dans la préface de l'éditeur du nouveau Testament politique, de concilier l'opinion où l'on était à

��1. Voyez le Menagiana de 1715, tome III, page 76. Les dernières lignes de note sont seules de La Monnoye. (B.)

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