PAR ANTOINE VADÉ. 235
planétaire: c'est un homme de la Prusse polonaise ^ qui devina ce secret du Créateur. On vous aide dans vos calculs avec des logarithmes : c'est au prodigieux travail de milord Neper^ et de ses associés que vous en avez l'ohligation. C'est Guerickc de Mag- dehourg que vous devez remercier de la machine pneumatique.
C'est ce même Galilée dont je viens de vous parler qui dé- couvrit le premier les satellites de Jupites", les taches du soleil, et sa rotation sur son axe. Le Hollandais Huygens vit l'anneau de Saturne, un Italien'^ vit ses satellites, lorsque vous n'aperce- viez rien encore.
Enfin c'est le grand Newton qui vous a montré ce que c'est que la lumière, et qui vous a dévoilé la grande loi qui fait mou- voir les astres, et qui dirige les corps pesants vers le centre de la terre.
Premier peuple du monde, vous aimez à orner vos cahinets : vous y mettez de jolies estampes ; mais songez que le Florentin Finiguerra est le père de cet art qui éternise ce que le pinceau ne peut conserver. Vous avez de helles pendules, c'est encore une invention du Hollandais Huygens.
Vous portez quelques hrillants au doigt, songez que c'est à Venise que l'on commença à les tailler, ainsi qu'à imiter les perles.
Vous vous regardez quelquefois au miroir, c'est encore à Ve- nise que vous devez les glaces.
Je voudrais donc que, dans vos livres, vous témoignassiez quel- quefois un peu de reconnaissance pour vos voisins. Vous n'en usez pas, ù la vérité, comme Rome, qui met à l'Inquisition tous ceux qui lui apportent une vérité de quelque genre que ce puisse être, et qui fait jeûner Galilée au pain et à Teau pour lui avoir appris que les planètes tournent autour du soleil ; mais que faites-vous? dès qu'une découverte utile illustre une autre nation, vous la com- hattez, et même très-longtemps. Newton fait voir aux hommes étonnés les sept rayons primitifs et inaltérables de la lumière : vous niez l'expérience pendant vingt années, au lieu de la faire. H vous démontre la gravitation, et vous lui opposez pendant qua- rante ans le roman impertinent des tourbillons de Descartes. Vous ne vous rendez enfin que quand l'Europe entière rit de votre obstination.
��1. Copernic; voyez tome XIV, page 53i.
2. Jean Napier, nommé aussi Nopor et Nepaei'; mort en 1017- (Cl.
3. Cassini ; voyez tome XIV, page 536.
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