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232 DISCOURS AUX WELCHES,

surtout de ce que les guerres civiles d'Allemagne empêchèrent Cliarles-Quint d'engloutir votre pays, et d'en faire une province de l'empire.

Vous avez eu un moment bien Lrillant sous Louis XIV ; mais n'allez pas pour cela vous croire supérieurs en tout aux anciens Romains et aux Grecs.

Songez que, pendant six cents ans, presque personne parmi vous, hors quelques-uns de vos druides, ne sut ni lire ni écrire. Votre extrême ignorance vous livra au flamcn de Rome et à ses consorts, comme des enfants que des pédagogues gouvernent et corrigent à leur gré. Vos contrats de mariage , quand vous faisiez des contrats, ce qui était rare, étaient écrits en mauvais latin par des clercs. Vous ignoriez ce que vous aviez stipulé, et quand vous aviez eu des enfants, il venait un tonsuré de Rome qui vous prou- vait que votre femme n'était point votre femme, qu'elle était votre cousine au septième degré, que votre mariage était un sacrilège, que vos enfants étaient bâtards, et que vous étiez damné si vous ne faisiez pas toucher à la chambre nommée apostolique la moitié de votre bien, sans délai ni remise.

Vos Basiléis ^ n'étaient pas mieux traités que vous : vous en avez eu neuf d'excommuniés 2, si je ne me trompe, par le servi- teur des serviteurs de Dieu sous l'anneau du pêcheur. L'excom- munication emportait nécessairement la confiscation des biens : de sorte que vos Basiléis perdaient de droit leur couronne, dont le pêcheur romain faisait présent, selon son bon plaisir et son équité, au premier de ses amis.

Vous me direz, mes chers Welches, que les peuples de l'île Britain ou England, et même les empereurs teutoniques, ont été encore plus maltraités que vous, et qu'ils étaient aussi ignorants : cela est vrai ; mais cela ne vous justifie pas, et si la nation bri- tannique a été abrutie pour être pendant quelque temps province

\. Dans l'édition qui fait partie des Contes de G. Vadé, on avait imprimé Baziloi ; ce fut aussi Baziloi qu'on imprima dans la Philosophie de l'histoire (voyez tome XI, page 71). Larcher (dans son Supplément à la Philosophie de l'histoire, page 195 de la pi-emière édition) reprit Voltaire, qui rejeta la faute sur son typographe (,voyez le chapitre x de la Défense de mon onc/e). Larcher répéta le reproche dans sa Réponse à la Défense de mon oncle, page 17. Voltaire se corrigea dans les éditions de la Philosophie de l'histoire, mais non dans les réimpressions du Discours de G. Vadé. L'édition in- 4° ';tome XV, daté de 1771, page 31) porte Baziloi, ainsi que l'édition encadrée ou de 1775, tome XXXIV, page 229. (B.)

2. Voltaire, dans son Cri des nations, en nomme six, savoir : Robert, Phi- lippe V, Philippe-Auguste, Louis VIII, Philippe le Bel, Louis XII. Les trois autres sont Louis le Jeune, Henri III, et Henri IV. Ces deux derniers ont été assassinés. Voltaire en parle dans son Mandement du révérendissime père en Dieu, Alexis.

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