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DE LA GAZETTE LITTÉRAIRE. 201

don Diègue dit qu'il ne peut s'empêcher d'en rire ? Non piiedo tener la risa. Les deux Cid espagnols étaient des pièces mons- trueuses, mais les deux auteurs avaient un très-grand talent. Remarquons ici que toutes les pièces espagnoles étaient alors en vers de quatre pieds, que les Anglais appellent doggerel, et que, du temps de Corneille, on appelait vers burlesques. Il faut avouer que nos vers hexamètres sont plus majestueux; mais aussi ils sont quelquefois languissants ; les épithètes les énervent, le dé- faut d'épithètes les rend quelquefois durs. Chaque langue a ses difficultés et ses défauts.

Quant au fond de la pièce du Cid, on peut observer que les deux auteurs espagnols marient Rodrigue avec Chimène le jour même qu'il a tué le père de sa maîtresse. L'auteur français dif- fère le mariage d'une année, et le rend même indécis. On ne pouvait garder les bienséances avec un plus grand scrupule. Ce- pendant les auteurs espagnols n'essuient aucun reproche, et les ennemis de Corneille l'accusèrent de corrompre les mœurs.. Telle est parmi nous la fureur de l'envie : plus les arts ont été accueillis en France, plus ils ont essuyé de persécutions. Il faut avouer qu'il y a dans les Espagnols plus de générosité que parmi nous. On ferait un volume de ce que l'envie et la calomnie ont inventé contre les gens de lettres qui ont fait honneur à leur patrie.

��XX.

��DE SACRA POESI HEBR.EORL'II PR .ELECTION E S ACADEMIC.E, OXOMI HABITA A ROBERTO LOWTH, A. M. POETIC.E P UBMCO PR.ELECTORE, ETC.

Discours académiques sur la poésie sacrée des Hébreux, prononcés à Oxford par M. R. Lo wth , professeur public de poésie. A Oxford, grand in-80 de plus de 300 pages.

(30 septembre 1704.)

C'est ici la seconde édition ^ d'un ouvrage estimé et digne de l'être. On y trouve partout une érudition profonde avec beaucoup de goût, deux qualités qu'on rencontre rarement ensemble.

��1. La première édition de l'ouvrage de Lowth est de 1753, 10-4°; la seconde, de 1763. Il en existe une bonne traduction française, Lyon, 1812, deux volumes in-8";elle est de M. Sicard, de Montpellier. Une autre traduction a été publiée par M. Roger, Paris, 1813, deux parties in-8. (B.)

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