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DE LA GAZETTE LITTÉRAIRE. 499

loureiisc, mais recherchée, de rétat où Chimènc a trouvé son père, est dans don Juan Diamante :

Gran senor, mi padre es muerlo,

Y yo le halle en la estacada : Correr en arroyos vi

Su sangre por la campana, Su sangre que en tante asalto Defendiô vuestras murallas, Su sangre, senor, que en humo Su sentimiento explicaba, etc.

Sire, mon père est mort; mes yeux ont vu son sang^

Couler à gros bouillons de son généreux flanc,

Ce sang qui tant de fois défendit vos murailles, etc.

Peut-être l'Académie de Madrid, non phis que l'Académie française, n'approuverait pas aujourd'hui qu'un sang défendît des murailles ; mais il ne s'agit ici que de faire voir comment les deux auteurs espagnols rencontrèrent à peu près les mêmes pensées sur le même sujet, et comment Corneille les imita.

Don Juan Diamante fait parler ainsi Chimène dans la même scène :

« Son cœur me crie vengeance par ses ])lessures. Tout expi- rant qu'il est, il bat encore ; il semble sortir de sa place pour m'accuser, si je tarde à le venger. »

Por las hcridas me llama Su corazon que â un defunto Pienso que batia las alas Para salirse del pecho

Y acusarme la tardanza.

L'idée est à la fois poétique, naturelle, et terrible. Il n'y a que batia las alas qui défigure ce passage : un cœur ne bat point des ailes. Ces expressions orientales, que la raison désavoue, n'étant pas justes, ne doivent jamais être admises en aucune langue.

L'auteur espagnol s'y prend, ce semble, d'une manière plus adroite et plus tragique que Guillem de Castro pour faire le nœud de la pièce. Le roi laisse à Chimène le choix de faire mou-

1. Le Cid, acte II, scène vn.

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