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Quel objet se présente à mes regards surpris ?
Aux yeux de trois mortels j’ai paru toute nue,
Adonis, Anchise, et Paris ;
Mais, Praxitèle, où m’a-t-il vue ? »


XII.


THE HISTORY OF LADY JULIA MANDEVILLE, ETC.

L’Histoire de lady Julie Mandeville. A Londres, chez R. et J. Dodslcy, 2 vol. in-ia, 3"= édition.

(30 mai 1704.)

Ce roman est, comme ceux de Richardson, un recueil de lettres que s’écrivent tous les personnages qui ont part à l’action. Ces acteurs ayant tous un différent caractère, et chacun d’eux voyant les choses d’un œil différent, il en résuhe "une espèce de drame dans lequel les héros et les héroïnes de la pièce, les confidents et les confidentes, annoncent ce qui s’est passé, et forment l’exposition, l’intrigue, et le dénoûment.

L'Histoire de Julie Mandeville est peut-être le meilleur roman de ce genre qui ait paru en Angleterre depuis Clarisse et Grandisson. On y trouve de la vérité et de l’intérêt ; et c’est l’art d’intéresser qui fait le succès des ouvrages dans tous les genres, même dans l’histoire ; à plus forte raison dans les romans, qui sont des histoires supposées.

Plusieurs philosophes s’étonnent que les hommes, ayant tant de choses à savoir et si peu de temps à vivre, aient le temps de lire des romans. On a déjà remarqué qu’excepté les Métamorphoses d’Ovide, qui sont la théologie des anciens, les Contes arabes, qui tiennent tous du merveilleux, et l’inimitable Arioste, plus admirable encore par le style que par l’invention, tous les autres romans ne présentent que des aventures hien moins héroïques, moins singulières , moins tragiques que celles dont nos histoires

1. Ce vers est le dernier de la traduction, plus concise et meilleure, que Voltaire donne de cette même épigramme, Dictionnaire philosophique, article Épigramme (voyez tome XVIII, page 559). Il a pu se copier lui-même ; mais il n’aurait certainement pas pris le vers d’un autre ; il était assez riche de ses propres trésors pour ne pas recourir au plagiat, et assez fin pour ne pas dérober si maladroitement. (Cl.)