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DE LA GAZETTE LITTÉRAIRE. 177

devant quel être on doit se prosterner. Que la plupart des céré- monies et des lois des Hébreux aient été prises des Égyptiens, comme le prétend le savant Marsliam ^ l'économie mosaïque n'en sera pas moins d'institution divine.

Dans un traité célèbre sur- les Miracles, Middleton prétend que le don des miracles a commencé à s'affaiblir dès le second siècle, et qu'ils sont devenus moins fréquents parce qu'ils devenaient moins nécessaires. Il embrasse et fortifie autant qu'il peut l'opi- nion de Scaliger, que saint Pierre n'est jamais venu à Rome. Il avance ailleurs que le premier chapitre de la Gencse est purement allégorique. Nous n'avons garde d'adopter ou de justifier ces pa- radoxes, et il ne nous appartient pas de les discuter ; mais nous rendrons justice à l'érudition, à la candeur, et surtout à la modé- ration du théologien anglais. Quoique par sa naissance, par sa profession, et par les serments qu'il avait prêtés à l'État et à l'université de Cambridge, dont il était membre, il fût ennemi de l'Église romaine, il n'en parle jamais ni avec dérision ni avec aigreur. Il examine les monuments de Rome ancienne et moderne, non-seulement en antiquaire, mais encore en philosophe qui sait combien les usages tiennent aux opinions et aux mœurs.

Sa Vie de Cicéron est très-connue parmi nous par la traduction qu'en a donnée l'abbé Prévost. Les éloges continuels qu'il y fait de Cicéron ont trouvé bien des contradicteurs. Ceux qui ont voulu flétrir la mémoire de ce grand homme se sont fondés sur l'auto- rité de Dion Cassius, écrivain très-postérieur. Les panégyristes s'appuient sur le témoignage de Plutarque et des contemporains même de Cicéron. Il faut avouer que la plupart des principaux personnages dont l'histoire romaine fait mention sont peints, pour ainsi dire, comme Janus, avec deux visages dont l'un ne ressemble point à l'autre. Quelques écrivains ne donnent à Jules César que des vertus, les autres que des vices. Ici, Auguste est regardé comme un bon prince ; là, comme un tyran aussi heureux que méchant, débauché, lâche, et cruel dans sa jeunesse, habile dans un âge avancé, et ne cessant de faire des crimes que quand les crimes cessaient de lui être nécessaires. Philon, qui avait vu Tibère, nous dit que c'était un bon et sage prince ; Suétone, qui ne vivait pas du temps de cet empereur, en fait un monstre. Peut-être ces opinions contraires sont-elles également fondées sur les faits, parce que les hommes ont souvent des quahtés con- traires, et que la vie de la plupart des hommes d'État a été un

1. Dans son Canon chronicus œgyptiacus, hœbraicus, grœcus, 1662.

25. — MÉLANGES. IV. 12

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