Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA GAZETTE LITTÉRAIRE. 163

quels de Versailles ridicules ; mais s'il fait jamais un voyage en France, on lui fera les honneurs de Versailles ; on le promènera dans ses bosquets ; on fera jouer les eaux pour lui, et peut-être alors ne sera-t-il pas si dégoûté.

Après cela, s'il se moque de nos bosquets de Versailles, et des tragédies de Racine, nous le souffrirons volontiers : nous savons que chacun a son goût ; nous regardons tous les gens de lettres de l'Europe comme des convives qui mangent à la même table ; chacun a son plat, et nous ne prétendons dégoûter personne.

��IV.

��LETTERS OF THE R IG H T-HONOL R A EL E LADY M-Y W-V M-E, ETC.

Lettres de milady Marie Wortley Montague, écrites pendant ses voyages en Europe, en Asie, en Afrique, etc. Londres, chez T. Becket, 3 volumes in-I2, '.763^

(4 avril 17G4.)

C'est ici la troisième édition de ces lettres. Ceux qui ne les connaissent que par les traductions françaises qui en ont paru jusqu'à présent ne sauraient s'en former une juste idée. Elles ont été lues avec avidité par tous ceux qui entendent la langue an- glaise. On a appelé milady Montague la Sévigné d'Angleterre ; mais elle n'a ni la rapidité du style de M™* de Sévigné, ni son imagination vive et sensible; c'est une élégance charmante, mourrie d'une érudition qui ferait honneur à un savant, et qui est tempérée par les grâces. Il règne surtout dans l'ouvrage de milady Montague un esprit de philosophie et de liberté qui carac- térise sa nation. Il""" de Sévigné, dans ses lettres, sent beaucoup plus qu'elle ne pense. M"" de Maintenon écrivait quelquefois ce qu'elle ne pensait pas ; M™" de Montague écrit tout ce qu'elle pense. Les lettres de ces deux Françaises n'intéressent que leur nation; les lettres de milady Montague semblent faites pour toutes les nations qui veulent s'instruire.

Lorsqu'en 1716 son mari fut nommé ambassadeur en Turquie,

1. Voir, dans la Correspondance, une lettre de Voltaire à d'Argental, de l'année 1762. Voltaire, awant que l'on commençait à publier la Gazette litté- raire, regrettait qu'on n'y eût pas inséré un article sur ladj' Montague ; plus tard, en 1764, il ne laissa pas échapper l'occasion d'une édition nouvelle de ces lettres, et donna ce morceau, dans lequel on trouve des phrases presque sem- blables à celles de la lettre de 1762. ( Cl.)

�� �