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DU QUAKER. 143

hébreu postérieur ; qu'on ne trouve aucun verset des cinq livres de Moïse répété dans les autres livres ; et là-dessus tu me dis qu'il y a dans le livre des Rois ^ : a Gardez les cérémonies, les préceptes, les ordonnances, selon qu'il est dit dans la loi de Moïse. » Mais ne vois-tu pas que ce n'est pas là une citation ? Autre chose est d'exhorter en général à suivre la loi ; autre chose est de citer précisément les passages de la loi. Tu vois bien que tu n'entends pas l'état de la question.

Qu'on nous dise chez nous : Soyez fidèles à la loi de la grande charte- qui établit vos libertés; cela ne s'appelle pas citer un article particulier de la grande charte. Encore une fois, Moïse a écrit ses lois, personne n'en doute; mais puisque tu voulais prouver ce que nous connaissons tous, il fallait le prouver mieux.

��Ami Jean-George,

Que tu avais un beau champ pour manifester la puissance du Seigneur dans les plaies d'Egypte et dans le miraculeux passage de la mer Rouge! Notre évêque Stillingfleet entend mieux que toi le texte sacré. Tu viens nous dire que le seul bétail des Égyp- tiens mourut de la peste dans la cinquième plaie. Les mots hé- breux et chaldaïques répondent précisément à ceux-ci : tous les animaux des Égyptiens moururent ; et la Vulgate, que tu pouvais suivre, dit expressément omnia animantia. Tous les chevaux pé- rirent donc : tu as donc tort de dire qu'ils ne furent pas compris dans la mortalité. Mais, pour te tirer d'affaire, tu devais lire le chevalier Marsham^: il t'aurait appris que les rois d'Egypte étaient alliés du roi de Nubie; et même on prétend que les Nubiens étaient tributaires, et que Pharaon put faire venir en diligence de la cavalerie nubienne pour réparer la perte de la sienne.

Voilà comme un commentateur habile résout les difficultés. Je sais qu'on veut éluder cette solution, et que jamais la cavalerie nubienne n'aurait pu arriver à temps; que du fond de la pres- qu'île Méroé, frontière delà Nubie, il y a environ onze cent mille pas jusqu'à Memphis, et qu'avant qu'on eût pu rassembler les chevaux en Nubie et les conduire si loin, on aurait perdu un

\. III, chap. II, V. 3.

2. Octroj'ée aux Anglais, en 1215, par Jean P', prince esclave de Rome, et qui eût été le tyran de ses sujets si l'aristocratie de ses barons le lui eût permis. (Cl.)

3. Auteur de Diatriba chronologica, 1649.

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