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Voici tout ce qu’il connaît de M. Lefranc de Pompignan :

1° D’assez mauvais vers ;

2° Son Discours à l’Académie[1] dans lequel il insulte tous les gens de lettres ;

3° Un Mémoire au roi[2], dans lequel il dit à Sa Majesté qu’il a une belle bibliothèque à Pompignan-lez-Montauban ;

4° La description d’une belle fête[3] qu’il donna dans Pompignan, de la procession dans laquelle il marchait derrière un jeune jésuite, accompagné des bourdons du pays, et d’un grand repas de vingt-six couverts, dont il a été parlé dans toute la province ;

5° Un beau sermon de sa composition[4], dans lequel il dit qu’il est avec les étoiles dans le firmament, tandis que les prédicateurs de Paris et tous les gens de lettres sont à ses pieds dans la fange[5].

Mon maître a appris aussi que M. Lefranc de Pompignan (quoi qu’il soit noyé) se comparait à Moïse[6], et que monsieur son frère l’évêque était Aaron ; il leur en fait ses compliments.

Il a entendu parler aussi d’une pastorale de monsieur l’évêque, adressée aux habitants du Puy en Velay, par Monseigneur : Cortiat, secrétaire[7]. On lui a mandé que dans cette pastorale il est question d’Aristophane, de Diagoras, du Dictionnaire encyclopédique, de Fontenelle, de Lamotte, de Perrault, de Terrasson, de Boindin, du chancelier Bacon, de Descartes, de Malebranche, de Locke, de Newton, de Leibnitz, de Montesquieu, etc.

Nous félicitons messieurs du Puy en Velay d’avoir lu les ouvrages de tous ces messieurs : tel pasteur, telles brebis. Mais

  1. Voyez tome XXIV, page 111.
  2. Beuchot en a parlé dans une note, tome XXIV, page 131 ; mais ce n’est pas dans ce Mémoire, c’est dans la Lettre qui est à la suite du Discours de Reyrac (voyez tome XXIV, page 459), qu’il est question de la bibliothèque de Pompignan.
  3. Voyez tome XXIV, page 457.
  4. C’est le Discours de Reyrac ; voyez tome XXIV, page 457.
  5. Dans les Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse, il y a de plus l’alinéa que voici :

    « 6° Une jolie femme très-riche, très-dévote, très-aimable, qui pleure le soir et le matin d’avoir perdu ses chers amis, ses chers affidés ignaciens ; qui a donné un fils au seigneur de Pompignan, son digne époux, et qui se repent d’avoir cru épouser un Apollon, etc., etc. »

    Mme de Pompignan était née Caulaincourt ; voyez tome XXIV, page 459.

  6. C’est Dupré de Saint-Maur qui, répondant au discours de réception de Lefranc, parlait ainsi des deux frères Pompignan : « Tout nous retrace en vous l’image de ces deux frères qui furent consacrés, l’un comme juge, l’autre comme pontife, pour opérer des miracles dans Israël. »
  7. Voyez la note 2 de la page 5.