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ET L'ADORATEUR. 135

par usure ^; ces paroles sont ridicules. J'adopte cette sentence : « Aimez Dieu et votre prochain ^. » C'est la loi éternelle de tous les hommes, c'est la mienne; c'est ainsi que je suis ami de Jésus; c'est ainsi que je suis chrétien. S'il a été un adorateur de Dieu, ennemi des mauvais prêtres, persécuté par des fripons, je m'unis à lui, je suis son frère.

LE DO UT EUR.

Il n'y a jamais eu de religion qui n'en ait dit autant que Jésus, qui n'ait recommandé la vertu comme Jésus, l'adorateur.

Eh bien donc! je suis de la religion de tous les hommes, de celle de Socrate, de Platon, d'Aristide, de Cicéron, de Caton, de Titus, de Trajan, d'Antonin, de Marc-Aurèle, d'Épictète, de Jésus.

Je dirai avec Épictète ' : (( C'est Dieu qui m'a créé. Dieu est au dedans de moi, je le porte partout; pourquoi le souillerais-je par des pensées ohscènes, par des actions basses, par d'infâmes désirs^? Je réunis en moi des qualités dont chacune m'impose un devoir; homme, citoyen du monde, enfant de Dieu, frère de tous les hommes, fils, mari, père; tous ces noms me disent : N'en déshonore aucun.

^ (( Mon devoir est de louer Dieu de tout, de le remercier de tout, de ne cesser de le bénir qu'en cessant de vivre. »

Cent maximes de cette espèce valent bien le sermon de la mon- tagne*^ et cette belle maxime; « Bienheureux les pauvres d'esprif.» Enfin j'adorerai Dieu, et non les fourberies des hommes; je ser- virai Dieu, et non un concile de Chalcédoine, ou un concile in trullo^; je détesterai l'infâme superstition, et je serai sincèrement attaché à la vraie religion jusqu'au dernier soupir de ma vie.

1. Matthieu, xxv, 27 ; Luc, xix, 23.

2. Luc, X, 27.

3. ]Sombres, xviii. ( Note de Voltaire.) — Ce passage est répété par Voltaire, dans le Dîner du comte de BoulainvilUers (premier entretien).

4. Nombres, xxv. (A' oie de Voltaire.)

5. Nombres, lxiv. (Id.) G. Saint Matthieu, ch. v.

7. Ibid., chap. v, v. 3.

8. Concile que quelques-uns regardent comme le sixième, mais dont les papes ne voulurent jamais accepter les canons, le tenant pour un conciliabule d'évèques faibles ou hérétiques assemblés sans l'autorisation pontificale. (G. A.)

��FIN DU DIALOGUE.

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