Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/94

Cette page n’a pas encore été corrigée

84 RÉFUTATION D'UN ÉCRIT ANONYME.

calomniateur, et mérite d'être puni par la justice quand il y en a une.

Par quel excès incompréhensible avez-vous pu vous laisser emporter jusqu'à taxer de déisme et d'athéisme^ le service chari- table rendu à la mémoire d'un mort, et à la réputation d'un fils qui donne déjà les plus grandes espérances d'être très-supérieur à son père dans la littérature ?

Misérable aboyeur de village, vous appelez déiste et athée celui qui défend l'innocence! Et qui ôtes-vous, vous qui l'ou- tragez ?

On sait que ce cloaque de turpitudes n'est que l'écoulement du bourbier dans lequel fut plongé le poète Jean-Baptiste Rous- seau, après l'aventure de ses couplets, pour lesquels il fut con- damné au bannissement perpétuel par le Châtelet et par le par- lement de Paris, Il avait été assez fou pour avouer qu'il était l'auteur des cinq premiers couplets, et assez criminel pour oser accuser un vieux géomètre d'avoir fait les autres. Convaincu de calomnie et de subornation de témoins, il fut justement puni. Réfugié en Suisse parmi les domestiques du comte du Luc, am- bassadeur de France, il y ourdit toutes ces impostures contre Joseph Saurin,

Il m'importe fort peu que Rousseau soit ou ne soit pas au nombre des artistes de parole qui ont illustré la France, qu'il ait fait de passables ou de très-ennuyeuses comédies, quelques odes harmonieuses et quelques-unes de détestables, quelques épi- grammes sur la sodomie et sur la bestialité ; il m'importe encore très-peu qu'un partisan intéressé de ces épigrammes l'appelle le grand Rousseau pour le distinguer des autres Rousseau'-. Je no veux, dans ce petit écrit, que rendre gloire à la vérité sur des faits dont je suis parfaitement informé. Il y a deux monstres qui désolent la terre en pleine paix : l'un est la calomnie, et l'autre l'intolérance ; je les combattrai jusqu'à ma mort,

le niùine journal; il ne les a jamais lus, et, d'ailleurs, il n'y répondrait jamais, parce qu'ils ne regardent que lui.

« Fait à mon château de Ferney, par moi F. do Voltaire, gentilhomme ordi- naire actuel de la chambre du roi, ancien chambellan du roi de Prusse, des Aca- démies de Paris, Rome, Florence, Boulogne, Londres, etc., 15 novembre 1758. » (B.)

1. Dans la Lettre à laquelle répondait Voltaire, on lit en effet : « C'est là un de ces traits hardis d'une imagination échaufVée par un goût décidé pour le déisme, j'ai presque dit l'athéisme.» (B.)

2. Le journaliste P. Rousseau et le philosophe Jean-Jacqui

FIN DE LA RKFLTATIOX.

��le-

�� �