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D'UN ÉCRIT ANONV.ME. 81

SauriD, dans l'étude de la géométrie et de la métaphysique, et, ne l'ayant pu connaître dans le temps de ses malheurs et des fai- blesses qu'on lui objectait (faiblesses dont je le crus très-inca- pable), je fus intimement lié avec lui dans le temps de sa vie heu- reuse, c'est-à-dire ignorée, retirée, occupée, frugale, austère. Je le vis mourir avec une résignation courageuse, adorant Dieu en sage, se repentant de ses fautes, pardonnant celles des autres, mépri- sant tant de faux systèmes que des hommes vains ont ajoutés à la parole de Dieu, et pénétré d'une religion pure, dont tout bon esprit sent la force et chérit les consolations.

C'est de quoi je rendis compte dans la liste' des écrivains du Siècle de Louis XIV. Je n'ai cherché dans l'histoire de ce beau siècle, le modèle du siècle présent, qu'à rendre justice à tous les génies, à tous les savants, à tous les artistes qui le décorèrent. J'ai voulu, en louant les morts, exciter les vivants à leur ressem- bler. J'ai célébré les travaux des Fénelon, des Bossuet, des Pascal, des Bourdaloue, des Massillon, avec la même candeur que j'ai peint Louis XIV unissant les deux mers, fondant la marine et le commerce, établissant la discipline militaire et la police, préve- nant par ses bienfaits les hommes de génie et les savants dans toute l'Europe, méritant enfin, malgré ses défauts et ses fautes, le titre d'homme prodigieux que lui donne l'homme d'État don Ustariz, dans son excellent livre sur l'administration du royaume d'Espagne-.

Les honnêtes gens de toutes les nations ont souscrit à ces vérités, excepté peut-être quelques ennemis invétérés, qui, dans

officier de la chambre du roi irès-chrétien, qui, par >a charge d'historiographe de France, pouvait donner quelque crédit à ses recherches, et détourner l'infamie dont on voulait flétrir une famille innocente.

« Cet homme en place, à qui ils s'adressèrent, était d'autant plus en droit de leur prêter sa voix qu'il était ami du fils, et qu'il l'avait été du père ; il avait passé trois années de sa jeunesse avec M. Joseph Saurin, dans Pétude de la géo- métrie et de la métaphysique; et, ne l'ayant point connu dans le temps de ses malheurs et des faiblesses qu'on lui objectait, faiblesses dont il le crut très- incapable, il fut intimement lié avec lui dans le temps de sa vie heureuse, c'est- à-dire ignorée, retirée, occupée, frugale, austère: il le vit mourir avec une résignation courageuse, adorant Dieu en sage, se repentant de ses fautes, par- donnant celles des autres ; méprisant, il est vrai, tant de faux systèmes que des hommes vains ont ajoutés à la parole de Dieu, mais pénétré d'une religion dont tout bon esprit sent la force et chérit les consolations.

M C'est de quoi l'auteur rendit compte, etc.» (B.)

1. Voyez, tome XI\', dans le Catalogue des écrivains, les articles Lamotte- HoLDARD, J.-B. Rousseau, et Joseph Saurin; et tome XXII, page 343.

2. Théorie et Pratique du commerce et de la marine, par D. H. Ustariz, tra- duit de l'espagnol en français par Forl onnais, 1753, in-i". (B.)

2i. — Méla.nges. III.

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