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Un augure se lamentait, du temps de César, avec un sénateur sur la décadence de la république. « Il est vrai que les temps sont bien funestes, disait le sénateur ; il faut trembler pour la liberté romaine. — Ah ! ce n’est pas là le plus grand mal, disait l’augure ; on commence à n’avoir plus pour nous ce respect qu’on avait autrefois : il semble qu’on nous tolère, nous cessons d’être nécessaires. Il y a des généraux qui osent donner bataille sans nous consulter, et, pour comble de malheur, ceux qui nous vendent des poulets sacrés commencent à raisonner. — Eh bien ! que ne raisonnez-vous aussi ? répliqua le sénateur ; et puisque les vendeurs de poulets du temps de César en savent plus que ceux du temps de Numa, ne faut-il pas que vous autres, augures d’aujourd’hui, vous soyez plus philosophes que ceux d’autrefois ? »



FIN.