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586 REMARQUES DE L'ESSAI SUR LES MŒURS.

de Paris déterrât lui-même le corps de son bedeau, demandât pardon aux deux corps, c'est-à-dire à celui du bedeau et à celui de l'Université, baisât le premier à la bouche, et payât une amende au second, comme la chose arriva du temps de Charles VI, en U08? Serait-elle aussi en droit d'aller prendre le lieutenant civil, et de lui donner le fouet, culottes bas, dans les écoles publiques, en pré- sencede tous les écoliers, comme elle le requit à Philippe-Auguste?

V. Dans quel temps le parlement de Paris commença-t-il à entrer en connaissance des finances du roi, dont la chambre des comptes était seule autrefois chargée ? Dans quelle année lesbarons, qui rendaient la justice dans le parlement de Paris, cessèrent-ils de s'y trouver, et abandonnèrent-ils la place aux hommes de loi?

VI. Toutes les coutumes de la France ne viennent-elles pas originairement d'Italie et d'Allemagne? A commencer par le sacre des rois de France, n'est-il pas évident que c'est une imitation du sacre des rois lombards?

VII. Y a-t-il en France un seul usage ecclésiastique qui ne soit venu d'Italie? Et les lois féodales n'ont-elles pas été apportées parles peuples septentrionaux qui subjuguèrent les Gaules et l'Italie ? On prétend que la fête des fous, la fête de Pâne^ et sem- blables facéties, sont d'origine française ; mais ce ne sont point là des usages ecclésiastiques : ce sont des abus de quelques églises ; et d'ailleurs la fête de l'âne est originaire de Vérone, où l'on con- serva l'âne qui y était venu de Jérusalem, et dont on fit la fête.

VIII. Toute industrie en France n'a-t-elle pas été très-tardive? Et depuis le jeu des cartes, reconnu originaire d'Espagne par les noms de spadilles, de manilles, de cof////c5, jusqu'au compas de pro- portion et à la machine pneumatique, y a-t-il un seul art qui ne lui soit étranger? Les arts, les coutumes, les opinions, les usages, n'ont-ils pas fait le tour du monde- ?

��i. Voyez tome XI, page 387; tome XII, page 63; et tome XVII, page 244.

2. Dans l'édition originale de 1763, il y avait, sous le numéro ix, trois alinéas dans lesquels l'auteur signalait des erreurs qui ont été corrigées dans les éditions subséquentes: ce qui a rendu tout à fait inutile la reproduction de ces trois alinéas.

��FIN DES REMARQUES DE l'eSSAI SUR LES MOEURS.

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