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Saint Jacques ayant dit dans son épître*: « Confessez, avouez vos fautes les uns aux autres », les premiers chrétiens établirent cette coutume comme la gardienne des mœurs. Les abus se glissent dans les choses les plus saintes.

Sozomène nous apprend, liv. VII, chap. xvi, que les évêques, ayant reconnu les inconvénients de ces confessions publiques, faites comme sur un théâtre, établirent dans chaque église un seul prêtre, sage et discret, nommé le pénitencier, devant lequel les pécheurs avouaient leurs fautes, soit seul à seul, soit en présence des autres fidèles. Cette coutume fut établie vers l’an 250 de notre ère.

On connaît le scandale arrivé à Constantinople du temps de l’empereur Théodose P’ -. Une femme de qualité s’accusa au pénitencier d’avoir couché avec le diacre de la cathédrale. Il faut bien que cette femme se fût confessée publiquement, puisque le diacre fut déposé, et qu’il y eut un grand tumulte. Alors Nectaire le patriarche abolit la charge de pénitencier, et permit qu’on participât aux mystères sans se confesser : « Il fut permis à chacun, disent Socrate et Sozomène, de se présentera la communion selon ce que sa conscience lui dicterait. »

Saint Jean Chrysostome, successeur de Nectaire, recommanda fortement de ne se confesser qu’à Dieu; il dit dans sa cinquième homélie : « Je vous exhorte à ne cesser de confesser vos péchés à Dieu. Je ne vous produis point sur un théâtre; je ne vous contrains point de découvrir vos péchés aux hommes: déployez votre conscience devant Dieu, montrez-lui vos blessures, demandez-lui les remèdes; avouez vos fautes h celui qui ne vous les reproche point, à celui qui les connaît toutes, à qui vous ne pouvez les cacher. »

Dans son homélie sur le psaume 50 : « Quoi! vous dis-jc que vous vous confessiez à un homme, à un compagnon de service, votre égal, qui peut vous reprocher vos fautes? Non, je vous dis: Confessez-vous à Dieu. »

On pourrait alléguer plus de cinquante passages authentiques qui établissent cette doctrine, à laquelle l’usage saint et utile de la confession auriculaire a succédé. Nonotto ne sait rien de tout cela. Il demeure pourtant chez une fille ([u’il confesse. On dit qu’elle n’est pas belle.

1. Chapitre v, verset 10. Voltaire a cité ces paroles dans le chapitre m do son Ingénu ; voyez tome \XI, paj^c 2ô7.

2. Voyez tome XVJII, page ’225.