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DU TABLEAU HISTORIQUE. 475

gion, si elle ne peut empêcher celles d'une mallieurense poli- tique.

C'est elle qui a multiplié les académies dans tant de royaumes et de républiques, qui a étendu l'esprit humain en étendant les connaissances; c'est par ce même esprit, qui se communique de proche en proche, que l'on s'est appliqué plus que jamais à l'agri- culture, et que les sages ont pensé à rendre la terre plus fertile, tandis que les ambitieux l'ensanglantaient. Enfin il est à croire que la raison et Findustrie feront toujours de nouveaux progrès; que les arts utiles prendront des accroissements ; que, parmi les maux qui ont affligé les hommes, les préjugés, qui ne sont pas leur moindre fléau, disparaîtront peu à peu chez tous ceux qui sont à la tête des nations, et que la philosophie, partout répandue, consolera un peu la nature humaine des calamités qu'elle éprou- vera dans tous les temps.

C'est dans cette vue et dans cette espérance qu'on a donné au public VEssai sur l'Histoire générale ^. L'humanité Ta dicté, et la vérité a tenu la plume. Des hommes, qu'on ne peut regarder que comme les ennemis de la société, ont accusé le peintre de cet immense tableau d'avoir peint les crimes, et surtout les crimes de religion, avec des couleurs trop sombres; d'avoir rendu le fanatisme exécrable, et la superstition ridicule.

L'auteur n'a peut-être à se reprocher que de n'en avoir pas assez dit ; et les plaintes mêmes de ces fanatiques prouvent com- bien cette histoire était nécessaire. On voit qu'il y a encore de ces malheureux attaqués de cette maladie de l'àme, et qui crai- gnent de guérir.

��I. — CRITIQUES nui RÉVOLTENT UN SIÈCLE AUSSI ÉCLAIRÉ QUE LE NOTRE -.

Il y a toujours des barbares dans les nations les plus polies, et dans les temps les plus éclairés ; il s'en est trouvé un qui a fait un livre assez considérable, muni d'approbation et de privilège, pour soutenir la vérité de la possession des religieuses de Loudun ^

��1. C'était alors le titre de l'ouvrage intitulé depuis Essai sur les Mœurs et VEsprit des nations.

2. Ce qui forme ici les sommaires était, dans l'édition de 1763, en notes mar- ginales. fB.)

3. La Menardaye est l'auteur de VExamen et Discussion de IHistoiredes diables de Loudun, 1749, in-1'2.

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