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SUR LA MORT DES SIEURS CALAS. 367

dans deux différents couvents de Toulouse : on les mène dans le lieu qui a servi de théûtre à tous nos affreux malheurs; on les a même séparées. Mais si le roi daigne ordonner qu'on ait soin d'elles, je n'ai qu'à le bénir. Voici exactement le détail de notre malheureuse affaire, tout comme elle s'est passée au vrai.

Le 13 octobre 1761, jour infortuné pour nous, M. Gobert* La- vaissc, arrivé de Bordeaux (où il avait resté quelque temps) pour voir ses parents, qui étaient pour lors à leur campagne, et cher- chant un cheval de louage pour les y aller joindre sur les quatre à cinq heures du soir, vient à la maison ; et mon mari lui dit que, puisqu'il ne partait pas, s'il voulait souper avec nous il nous ferait plaisir ; à quoi le jeune homme consentit, et il monta me voir dans ma chambre, d'où, contre mon ordinaire, je n'étais pas sortie. Le premier compliment fait, il me dit : « Je soupe avec vous, votre mari m'en a prié. » Je lui en témoignai ma satisfaction, et le quittai quelques moments pour aller donner des ordres à ma servante. En conséquence je fus aussi trouver mon fîls aîné, Marc-Antoine, que je trouvai assis tout seul dans la boutiqne, et fort rêveur, pour le prier d'aller acheter du fromage de Roquefort. Il était ordinairement le pourvoyeur pour cela, parce qu'il s'y con- naissait mieux que les autres; je lui dis donc: (> Tiens, va acheter du fromage de Roquefort, voilà de l'argent pour cela, et tu rendras le reste à ton père» ; et je retourne dans ma chambre joindre le jeune homme Lavaisse, que j'y avais laissé. Mais peu d'instants après il me quitta, disant qu'il voulait retourner chez les fenassiers- voir s'il y avait quelque cheval d'arrivé, voulant absolument partir le lendemain pour la campagne de son père; et il sortit.

Lettre de Jean Calas à sa femme et à ses enfants , etc., 17G8, in-8° de viij et trente pages.

XXIII. Premier Sermon : sur la mort de Jean Calas, vieillard infirme, accusé, par les bons catholiques, d'avoir pendu son fils, jeune homme le plus adroit, le plus fort et le plus robuste de la province (dans les Sermons précités à Toulouse devant Messieurs du parlement et du capitoulat, par le R. P. Apompée de Tragopone, ca- pucin de la Champagne-Pouilleuse, 1772, in 12).

J'aurai à citer plusieurs de ces écrits dans mes notes sur la Correspondance de Voltaire.

M. J. Chénier, Lemière d'Argy, et M. Laya, ont donné chacun un drame inti- tulé Calas. Ces trois pièces ont été jouées et imprimées en 1790 et 1791. La ci'uve Calas à Pamjouée et imprimée en 1791, est de Pujouh. M. Victor Ducange a donné, en 1820, au théâtre de l'Ambigu-Comique, un mélodrame intitulé Calas. On a imprimé à Berlin les Calas, drame en trois actes et en prose, par M. de Brumore, 1778, in-8"; et les Salver, ou la Faute réparée, drame en trois actes et en vers, par M. de Brumore, 1778, in-8". (B.)

1. Ou Gualbert.

2. Ce sont les loueurs de chevaux. {Xote de VoUaire.)

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