Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/371

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE M. DE CRÉBILLON. 361

sistertant de défauts énormes; mais il faut savoir que l'Académie ne donne jamais de conseils que quand on les lui demande, et l'auteur était trop vieux pour en demander et pour en profiter. Ses vers ne furent applaudis dans les séances publiques que par des jeunes gens, sur qui une déclamation ampoulée fait toujours quelque impression. Il arrive souvent la même chose au par- terre, et ce n'est qu'avec le temps qu'on se détrompe d'une illu- sion en quelque genre que ce puisse être.

S'il est de quelque utilité de faire voir les défauts de détail, en voici quelques-uns que nous tirerons des premières scènes :

Dis-moi (si jusque-là ta fierté peut descendre), Pourquoi faire égorger Xontiius celle nuit ? {\, i.)

La fierté de Catilina descend jusqu'à répondre à Lentulus qu'il a assassiné ce sénateur, l'un de ses partisans, pour se concilier les autres :

Et l'art de les soumettre exige un art suprême, Plus difficile encor que la victoire même. (I, i.)

Un chef de parti, dit-il,

. . Doit tout rapporter à cet unique objet. (Ibid.) Vertueux ou méchant au gré de son projet; ! Ibid.) Qu'il soit cru fourbe, ingrat, parjure, impitoyable, Il sera toujours grand s'il est impénétrable. [Ibid.]

Tel on déteste avant, que l'on adore après

L'imprudence n'est pas dans la témérité. (III, v.)

Ensuite il dit qu'il aime la fille de Cicéron par tempérament :

C'est l'ouvrage des sens, non le faible de l'âme. ( I, i.)

Deux vers après, il dit que cette passion :

Est moins amour en lui qu'excès d'ambition.

Il avoue qu'il a conquis ce bien. Il dit après :

. . . Cette flamme où tout mon cœur s'applique Est le fruit de ma haine et de ma politique.

Ainsi il aime TuUie par les sens, par ambition, et par haine. Il faut avouer qu'il est plaisant de voir après cela Tullie venir

�� �