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304 EXTRAIT DES SENTIMENTS

tude de cela, et il n'y a point d'imposteur qui n'en puisse dire autant.

Tous les livres de la loi de Moïse et des prophètes qu'on put trouver furent brûlés du temps d'Antiochus. Le Talmud, regardé par les juifs comme un livre saint et sacré, et qui contient toutes les lois divines, avec les sentences et dits notables des rabbins; leur exposition, tant sur les lois divines qu'humaines, et une quantité prodigieuse d'autres secrets et mystères de la langue hébraïque, est regardé par les chrétiens comme un livre farci de rêveries, de fables, d'impostures, et d'impiétés. En l'année 1559, ils firent brûler à Rome, par le commandement des inquisiteurs de la foi, douze cents de ces Talmuds trouvés dans une biblio- thèque de la ville de Crémone,

Les pharisiens, qui faisaient parmi les Juifs une fameuse secte, ne recevaient que les cinqhvres de Moïse, et rejetaient tous les prophètes. Parmi les chrétiens, Marcion et ses sectateurs reje- taient les livres de Moïse et les prophètes, et introduisaient d'autres écritures à la mode ; Carpocrate et ses sectateurs en fai- saient de même, et rejetaient tout l'Ancien Testament et mainte- naient que Jésus-Christ n'était qu'un homme comme les autres. Les marcionites et les souverains réprouvaient aussi tout l'Ancien Testament comme mauvais, et rejetaient aussi la plus grande partie des quatre Évangiles, et les Èpilres de saint Paul.

Les ébionites n'admettaient que le seul Évangile de saint Mat- thieu, rejetant les trois autres, et les Épitres de saint Paul. Les marcionites publiaient un Évangile sous le nom de saint Mathias pour confirmer leur doctrine. Les apostoliques introduisaient d'autres écritures pour maintenir leurs erreurs, et pour cet effet se servaient de certains actes, qu'ils attribuaient à saint André et à saint Thomas.

Les manichéens (Chron., page 287) écrivirent un Évangile èi leur mode, et rejetaient les écrits des prophètes et des apôtres. Les etzaïtes débitaient un certain livre qu'ils disaient être venu du ciel; ils ironçonnaientles autres écritures à leur fantaisie. Ori- gène même, avec tout son grand esprit, ne laissait pas que de cor- rompre les Écritures, et forgeait à tous coups des allégories hors de propos, et se détournait, par ce moyen, du sens des prophètes et des apôtres, et même avait corrompu quelques-uns des prin- cipaux points de la doctrine. Ses li\res sont maintenant mutilés et falsifiés : ce ne sont plus que pièces cousues et ramassées par d'autres qui sont venus depuis ; aussi y rencontrc-t-on des erreurs et des fautes manifestes.

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