Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée

232 RESCRIT DE L'EMPEREUR

dans toutes ses brochures. Nous avons connu que la monarchie de France, qui est la première des monarchies ; l'anarchie d'Alle- magne, qui est la première des anarchies ; l'Espagne, l'Angleterre, la Pologne, la Suède, qui sont, suivant leurs historiens, chacune en son genre, la première puissance de Vunivcrs, sont toutes re- quises d'accéder au traité de Jean-Jacques. Nous avons été édifié de voir que notre chère cousine l'impératrice de toute Russie était pareillement requise de fournir son contingent. Mais grande a été notre surprise impériale quand nous avons en vain cherché notre nom dans la liste. Nous avons jugé qu'étant si proche voi- sin de- notre chère cousine, nous devions être nommé avec elle; que le Grand Turc voisin de la Hongrie et de Naples, le roi de Perse voisin du Grand Turc, le Grand Mogol voisin du roi de Perse, ont pareillement les mêmes droits, et que ce serait faire au Japon une injustice criante de l'oublier dans la confédération générale.

Nous avons pensé de nous-même, après l'avis de notre conseil, que si le Grand Turc attaquait la Hongrie, si la diète europaine, ou européenne, ou europcane, ne se trouvait pas alors eu argent comptant ; si, tandis que la reine de Hongrie s'opposerait au Turc vers Belgrade, le roi de Prusse marchait à Vienne ; si les Russes pendant ce temps-là attaquaient la Silésie ; si les Français se jetaient alors sur les Pays-Bas, l'Angleterre sur la France, le roi de Sardaigne sur l'Italie, l'Espagne sur les Maures, ou les Maures sur l'Espagne, ces petites combinaisons pourraient déranger la paix perpétuelle.

Notre accession étant donc d'une nécessité absolue, nous avons résolu de coopérer de toutes nos forces au bien général, qui est évidemment le but de tout empereur, comme de tout fai- seur de brochures.

A cet effet, ayant remarqué qu'on avait oublié de nommer la ville dans laquelle les plénipotentiaires de Vunivers doivent s'as- sembler, nous avons résolu d'en bâtir une sans délai. Nous nous sommes fait représenter le plan d'un ingénieur de Sa Majesté le roi de Narsingue*, lequel proposa, il y a quelques années, de creuser un trou jusqu'au centre de la terre pour y faire des expé- riences de physique ; notre intention étant de perfectionner cette idée, nous ferons percer le globe de part en part. Et comme les

��1. Le royaume de Narsinç:iic est en Asie, dans la presqu'île en deçà du Gange; mais le prétendu ingénieur de .\arsini;ue n'est autre que Maupertuis, mort dopui- deux ans ; voyez tome XXIII, pages 500, àG9.

�� �