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228 PARALLÈLE D'HORACE, ETC.

Que de splendeurs et d'honneurs mérités

Votre maison luise de tous côtés,

Si toutefois ne sont-ce ces bluettes

Qui vous ont mis en l'estime où vous êtes^.

Ce malheureux burlesque, ce mélange impertinent du jargon du XVI siècle et de notre langue, si frondé par un auteur assez connu, ne peut donner de prix à un sujet qui, par lui-même, n'apprend rien, ne dit rien, n'est ni utile ni agréable.

Un des grands défauts de tous les ouvrages de cet auteur, c'est qu'on-ne se retrouve jamais dans ses peintures; on ne voit rien qui rende l'homme cher à lui-même, comme dit Horace : point d'aménité, point de douceur. Jamais cet écrivain mélancolique n'a parlé au cœur. Presque toutes ses épîtres roulent sur lui- même, sur ses querelles avec ses ennemis : le public ne prend aucune part à ces pauvretés ; on ne se soucie pas plus de ses vers contre Lamotte que de ses roches de Salisbury : qu'importe

... qu'entre ces roches nues, Qui par magie en ces lieux sont venues, S'en trouve sept, trois de chacune part, Une au-dessus ; le tout fait par tel art Qu'il représente une porte effective, Porte vraiment bien faite et bien naïve; Mais c'est le tout ; car qui voudrait y voir Tours ou chàtel doit ailleurs se pourvoir 2.

Ces détestables vers et ce malheureux sujet peuvent-ils être comparés à la plus mauvaise tragédie que nous ayons? Nous sommes rassasiés de vers : une denrée trop commune est avilie. Voilà le cas du ne quid nimis ^ Le théâtre où la nation se ras- semble est presque le seul genre de poésie qui nous intéresse aujourd'hui ; encore ne faudrait-il pas avoir des poèmes drama- tiques tous les jours :

Namque voluptates commendat rarior usus *.

1. Livre I'^, opître iv.

2. Ces vers sont de la Grotte de Merlin, allégorie iv du livre 1".

3. Térence, Andrienne, 1. i.

4. Juvénal, XI, 208.

��FIN DU PARALLELE.

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