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486 ANECDOTES

et Yoici les noms de ces nouveaux croupiers, avec les extraits qu'ils fournissaient au journaliste en chef. Je ne parlerai pas des extraits de l'abbé Laporte; il suffit de dire qu'il a fait exactement pendant sept ans la moitié de l'ouvrage. Quant à l'autre moitié, outre M. Dutertre dont j'ai parlé, MM. de Caux, de Resseguier, Palissot, Bret, Borland, deBruix, Dorât, Louis, Bergier, d'Arnaud, Coste, Blondel, Patte, Poinsinet, Vandermonde, de Rivery, Leroy, Sedaine, Castillon, Colardeau, Déon de Beaumont, Gossard, etc. S sont ceux qui y ont le plus contribué.

C'est M. de Caux qui a fait les extraits de toutes les tragédies - ûoïïtVAnnèe littiraire a fait mention, jusqu'à Iphigènie en Tauridc exclusivement, temps auquel il s'est brouillé avec Fréron parce que Fréron ne le payait pas. Il a fait aussi l'extrait des Œuvres de M. de Lamotte, et de tous les poètes latins et français dont il est parlé dans le même ouvrage, jusqu'au temps que je viens de dire. Le chevalier de Resseguier a pris sa place pour les poètes français. Il a fait, entre autres extraits, celui des Poésies de l'abbé de Lattaignant, en forme de lettre attribuée à un Breton, J'ignore si le chevalier de Resseguier reçoit de l'argent. MM. Blondel et Patte faisaient les extraits des ouvrages d'architecture. Blondel a dirigé l'appartement de Fréron, qui lui doit encore et ses extraits et son travail comme architecte. Patte se contentait de quelques louanges fades pour tout payement. On peut voir dans les feuilles de celte année comment Patte et Fréron se sont déshonorés mu- tuellement au sujet des planches de V Encyclopédie. Louis a donné quelques extraits de livres de chirurgie, non à cause de Fréron, qui lui a volé un couteau, mais pour faire plaisir à l'abbé Laporte, son ami, lorsqu'il travaillait avec Fréron. D'Arnaud a rendu compte du Discours sur le maréchal de Saxc^, qui a remporté le prix à l'Académie française en 1759; il a aussi fait quelques extraits de nos poètes ; Palissot a loué VAnacréon de son beau- frère Poinsinet, et critiqué le Jcdoux, comédie du sieur Bret; et celui-ci faisait de son côté l'éloge des Tuteurs, comédie de Pa- lissot.

C'est ainsi que Fréron, qui mettait son nom à tous les extraits, faisait travailler ses croupiers les uns sur les autres. Il a un peu

1. Plusieurs auteurs furent scandalisés de se trouver dans cette liste. Dorât.

entre autres, fit à ce pro])os une ('pigramme contre Voltaire, fameuse par le trait

final :

S'il n'avait pas écrit, il eût assassine.

'2. 11 faut intorrofier M. de Caux et autres. {l\ote de VuUaire.) 3. Eldije du ntarcclial de Saxe, par Thomas.

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