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Cet écrit n’est point l’ouvrage qu’on m’avait annoncé d’abord ; et, quel qu’il soit, je me plains qu’on m’attribue ce que je déclare n’avoir point fait[1].

Il est dit, page 26 de la partie du libelle imprimée en petits caractères[2], que le roi de Prusse m’a chassé de ses États ; cela est faux : j’en atteste Sa Majesté le roi de Prusse.

Je proteste, et je fais serment qu’une lettre à moi, imputée, page 57, écrite à M. Thieriot[3], à Paris, est falsifiée, et je m’en rapporte au témoignage du sieur Thieriot, J’ajoute qu’il est contre les mœurs d’imprimer les lettres des particuliers.

Je persiste à dire que la prétendue lettre d’une société de Genève[4] est un libelle infâme, qu’il est défendu d’imprimer à Genève, et qui n’y a jamais paru.

Je pourrais demander justice des injures grossières qu’on vomit contre moi dans trente pages de ce libelle, des termes de déiste et d’athée[5] dont on ose se servir ; mais il ne m’appartient que de demander la suppression de cette infamie, et d’attendre le jugement avec confiance et respect.


Voltaire.

N. B. Deux professeurs de Lausanne, liés avec le sieur Darnay et Grasset, disent, dans leur rapport, qu’il n’y a rien dans le libelle contre l’État et la religion. Vraiment, on le croit bien : si le libelle était contre Dieu et l’État, l’auteur mériterait le dernier supplice ; mais ce libelle diffame des particuliers qui implorent la justice et la bonté des magnifiques seigneurs curateurs,

FIN DE LA REQUÊTE
  1. Les désaveux, les rétractations, pour lesquels on est avec raison si sévère aujourd’hui, étaient très-fréquents du temps de Voltaire. Voici ce que Voltaire écrivait à Bettinelli, le 24 mars 1760. « Il est vrai que Buffon, Montesquieu, Helvétius, etc., ont donné des rétractations ; mais il est encore plus vrai qu’ils y ont été forcés, et que ces rétractations n’ont été regardées que comme des condescendances qu’on a pour des fanatiques. Le public sait à quoi s’en tenir. Tout le monde n’a pas le même goût pour être brûlé que Jean Hus et Jérôme de Prague. Les sages, en Angleterre, ne sont point persécutés, et les sages, en France, éludent la persécution. » (B.)
  2. Une partie du volume est, comme il est dit dans l’Avertissement de Beuchot du tome XIV, paginée en chiffres romains, et une partie en chiffres arabes : les deux parties sont imprimées en caractères pareils. Voltaire parle ici de la partie paginée en chiffres arabes.
  3. C’est la lettre du 20 mars 1757. dont il est parlé dans la note 3 de la page 85.
  4. Voyez la note 4 de la page 85.
  5. Voyez la fin de la Réfutation, page 84.