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DÉFENSE DU NEWTONIANISME.

vement en D D comme le vaisseau, et le mouvement en D C par la gravitation : or de ces deux mouvements se compose la parabole D B ; et quand le mât est en B, le corps y est aussi : donc



l’air et l’atmosphère n’ont aucune part à ce phénomène, ils ne pourraient que le troubler. C’est uniquement par la même raison qu’un cavalier jetant en l’air une orange perpendiculairement, la retient dans sa main en courant au galop ; mais si une autre main lui jette cette orange tandis qu’il court, elle retombe loin derrière le cavalier. C’est encore la même raison qui fait retomber à peu près à plomb une pierre qu’on a jetée perpendiculairement à l’horizon, malgré la rotation de la terre ; et l’atmosphère n’a pas plus de part à tout cela que celle d’un homme qui se promène n’en a aux moucherons qui voltigent autour de lui.

Ce petit système des effets prétendus d’une atmosphère doit servir au moins à mettre sur leurs gardes tous ceux qui, n’étant point encore guéris de la maladie des hypothèses, en inventent tous les jours pour rendre raison, à ce qu’ils croient, des découvertes de Newton. Ce grand homme, pendant soixante ans de recherches, de calculs et d’expériences, a été obligé de se contenter du simple fait qu’il a découvert. Jamais il n’a fait d’hypothèse pour expliquer la cause de l’attraction des planètes et de celle de la lumière : il a démontré que cette gravitation existe ; qu’un corps grave ne retombe sur la terre que par la même force centripète qui retient les astres dans leur orbite, et qu’aucun tourbillon de matière subtile, grand ou petit, ne peut être la cause de cette force centripète. Qu’on s’en tienne là, et qu’on n’imagine pas pouvoir faire par un roman ce que Newton n’a pu faire par ses mathématiques.

Un de ceux qui ont écrit le plus modérément contre Newton est l’estimable auteur du Spectacle de la Nature et de l’Histoire du Ciel ; mais il s’en faut bien qu’il lui ait rendu justice. Il suppose, dans ses objections, que Newton a eu, comme les autres philo-