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DU DOCTEUR AKAKIA.

nous tâcherons de mettre de la raison et de la suite dans notre conduite.

17o Pour ce qui est de M. Wolf, notre grand émule, comme ses ouvrages sont volumineux, et que nous ne lisons rien, nous ne saurions prendre la résolution d’en examiner le contenu, pour nous autoriser à pouvoir en décider. Ainsi, nous nous réservons toujours la prérogative que nous croyons due à un président d’académie, de pouvoir statuer librement du mérite des livres de science, sans se donner la peine de les étudier.

18o Néanmoins, pour donner encore en ceci une marque de notre condescendance, nous exhorterons les jeunes gens qui dépendent de nous à lire les livres de M. Wolf avant que de les mépriser ; et pour leur en donner l’exemple, nous entreprendrons nous-même d’étudier la petite logique de cet Allemand, d’autant qu’au régiment où nous servions en France dans notre jeunesse nous n’avons point eu d’occasion d’entendre parler de ces choses-là.

19o Enfin, pour donner la plus grande preuve possible du désir sincère que nous avons de rendre le repos à l’Europe littéraire, nous consentons que notre ennemi capital, M. de Voltaire, soit compris dans le présent traité de paix, nonobstant les puissantes raisons que nous aurions pour l’en excepter. Pourvu donc qu’il s’engage de ne plus nous mettre ni dans sa prose ni dans ses vers, nous promettons de ne plus cabaler contre lui ; de ne plus nous servir de l’exécuteur de la haute justice pour nous venger de ses plaisanteries ; de ne plus le menacer de notre bras plutôt que de notre esprit ; de ne plus prétendre qu’il tremble tant qu’il n’aura pas la fièvre, et enfin d’abandonner La Beaumelle à sa justice. »

[1]De plus, pour ne laisser aucun sujet de mécontentement à M. Koenig et à ceux qui se sont rangés de son parti, notre lieutenant général, Léonard Euler[2], déclare par notre bouche ce qui suit :

    esprit ; je me permettrai peut-être jusques aux contradictions. Lettres de Maupertuis, page 1. (Note de Voltaire.) — Cette note, qui est dans une édition de 1753 du Traité de paix, fut supprimée dans l’Histoire d’Akakia, ainsi que l’alinéa auquel elle se rapporte, et les trois qui le suivent. Les éditeurs de Kehl ont restitué les quatre alinéas, mais non la note. ( B.)

  1. Cet alinéa et les huit qui le suivent n’existaient que dans une édition séparée du Traité de paix, 1753, in-8o, lorsqu’en 1825 ils ont été rétablis par M. Clogenson.
  2. Léonard Euler, né en 1707, mort le 7 septembre 1783, écrivit en faveur de Maupertuis dans la querelle avec Koenig. (Note de Voltaire.)