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PENSÉES

II.

Qui eût dit, à la paix de Nimègue, qu’un jour l’Espagne, le Mexique, le Pérou, Naples, Sicile, Parme, appartiendraient à la maison de France ?

III.

Prévoyait-on, lorsque Charles XII gouvernait despotiquement la Suède, que ses successeurs n’auraient pas plus d’autorité que les rois n’en ont en Pologne[1] ?

IV.

Les rois de Danemark étaient des doges il y a un siècle ; ils sont à présent absolus.

V.

Autrefois les Russes se vendaient eux-mêmes comme les Nègres : à présent ils s’estiment assez pour ne pas recevoir dans leurs troupes des soldats étrangers, et ils ont pour point d’honneur de ne déserter jamais ; mais il leur faut encore des officiers étrangers, parce que la nation n’a pas acquis autant d’habileté que de courage, et qu’elle ne sait encore qu’obéir.

VI.

Les animaux accoutumés au joug s’y présentent eux-mêmes. Je ne sais quel compilateur[2] des Lettres de la reine Christine a fait

    une impératrice qui ferait vœu de ne condamner personne à la mort, et qui serait fidèle à ce serment ?

    X.

    Tout ce qu’on a écrit pour et contre [quel est le gouvernement préférable] se réduit à ceci : que, dans les États mixtes, la confusion est à craindre ; dans les États monarchiques, l’abus du pouvoir.

    XXIII.

    Le gouvernement républicain subsistera-t-il en Suède ? Oui, oui, jusqu’à ce qu’il naisse un Gustave-Adolphe.

    XXIV.

    La religion luthérienne y subsistera plus longtemps, parce que personne n’a intérêt à la changer. »

    Dans le paragraphe ier, Voltaire rappelle ce qu’il avait dit en 1731 ; voyez tome XVI, page 133.

    Sur les Russes envoyés contre la France, dont il est question dans le paragraphe iii, voyez, tome XV, le chapitre xxvi du Précis du Siècle de Louis XV. Il était nécessaire de rétablir ce paragraphe iii, pour l’intelligence d’un passage de la lettre de Voltaire à Catherine II, du 21 septembre 1770.

    C’est de l’impératrice Élisabeth qu’il est question dans le paragraphe iv ; voyez plus loin le paragraphe x du Commentaire sur le traité Des Délits et des Peines. (B.)

  1. Ils sont revenus depuis à peu près au même point que les princes de la maison de Vasa. (K.) — En 1772.
  2. Arckenholtz, page xv du tome Ier, et pages 9 et suivantes du tome II de ses