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PENSÉES
SUR
LE GOUVERNEMENT[1]
(1752)

I.

Puffendorf, et ceux qui écrivent comme lui sur les intérêts des princes, font des almanachs défectueux pour l’année courante, et qui ne valent absolument rien pour l’année d’après.

  1. Ce titre est celui qu’avait cet écrit dans les éditions de 1752 et 1754. En le donnant en 1756, comme chapitre second des Mélanges, l’auteur retrancha sept articles, en ajouta neuf (les i, ii, iii, iv, v, vi, xi, xxv et xxvi), fit quelques changements que je rétablirai ou indiquerai en notes, et intitula ce morceau Pensées sur l’administration publique. J’ai rétabli le titre primitif dans lequel on ne voit plus aujourd’hui rien d’offensant. Voici les articles de 1752 et 1754, qui furent supprimés en 1750 :

    I.

    « J’ai eu bien raison d’avancer, il y a vingt ans, qu’il faut dire d’un peuple, non pas quelle est la nature de son gouvernement et de ses intérêts, mais ce que sont ses intérêts et son gouvernement en telle année. Machiavel prétendait que la force des rois de France était dans leurs parlements. S’il vivait de nos jours, il dirait : La force des rois de France est dans une armée de deux cent mille hommes.

    II.

    « Ceux qui ont écrit, il y a cinquante ans, que la maison de Prusse devait être toujours attachée à celle d’Autriche seraient aujourd’hui un peu confondus.

    III.

    Qui eût dit dans le siècle passé que les Russes feraient trembler l’empire ottoman, et qu’ils enverraient une armée de quarante mille hommes contre la France ? Ils étaient soumis aux Tartares, il y a trois siècles ; et si jamais l’empire de Constantinople tombe, ce sera par leurs mains. Les Russes disciplinés vaincront les janissaires indisciplinables, qui les méprisent.

    IV.

    Lorsqu’en Russie des czars effrayaient la nature par tant de supplices épouvantables, dont ils étaient autrefois les exécuteurs, prévoyait-on qu’il viendrait