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ÉLOGE HISTORIQUE
DE MADAME LA MARQUISE
DU CHÂTELET
(1752[1])

Cette traduction que les plus savants hommes de France devaient faire, et que les autres doivent étudier, une dame l’a entreprise et achevée, à l’étonnement et à la gloire de son pays. Gabrielle-Émilie de Breteuil, épouse du marquis du Châtelet-Laumont, lieutenant général des armées du roi, est l’auteur de cette traduction, devenue nécessaire à tous ceux qui voudront acquérir ces profondes connaissances dont le monde est redevable au grand Newton.

C’eût été beaucoup pour une femme de savoir la géométrie ordinaire, qui n’est pas même une introduction aux vérités sublimes enseignées dans cet ouvrage immortel ; on sent assez qu’il fallait que Mme la marquise du Châtelet fût entrée bien avant dans la carrière que Newton avait ouverte, et qu’elle possédât ce que ce grand homme avait enseigné. On a vu deux pro-

  1. L’Éloge historique de madame du Châtelet fut imprimé pour la première fois, avec une singulière faute dont je parlerai plus loin (page 520), dans la Bibliothèque impartiale, janvier-février 1752, réimprimé dans le Mercure de 1754, premier volume de décembre, et admis dans le cinquième volume des Nouveaux Mélanges. Dans cette dernière impression, il est précédé de cette note : « Cet éloge devait être mis à la tête de la traduction de Newton. » et qui a été supprimée dans les éditions de 1768 et 1775. Les éditeurs de Kehl disent dans une de leurs notes : « Cet éloge a paru à la tête d’une traduction des Principes de Newton, par Mme la marquise du Châtelet. » L’ouvrage dont ils veulent parler est celui qui a pour titre : Principes mathématiques de la philosophie naturelle, 1756, deux volumes in-4o ; mais il ne contient pas l’Éloge de madame du Châtelet par Voltaire. (B.) — Est-ce à cause de son impression anticipée que Clairaut ne le fit pas figurer dans l’édition des Principes qu’enfin il donna en 1756 ? C’est probable. (G. A.)