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LANGAGE.

Le mot foudroyé est très-impropre ; un fardeau ne foudroie pas, il accable.

Mais quoique vos encens le traitent d’immortel[1].

Le mot d’encens ne peut admettre de pluriel. Il fallait absolument votre encens.

Et cesse de devoir, quand la dette est d’un rang[2]
À ne point l’acquitter qu’aux dépens de leur sang.

On ne dit point le rang d’une dette, mais la nature d’une dette ; et il fallait dire : à ne s’en acquitter qu’aux dépens de leur sang. La négative point ne se met jamais avec ne, quand elle est suivie d’un que. Je ne corrigerai ce vers que quand on m’en aura montré le défaut. Je n’irai à Paris que quand je serai libre ; je n’écrirai que quand j’aurai du loisir, etc.

Assurer sa puissance et sauver son estime[3].

Sauver n’a là aucun sens. Il ne veut pas dire conserver sa réputation, il ne signifie pas conserver son estime ; il est un barbarisme inintelligible.

Trop au-dessous de lui pour y prêter l’esprit[4].

Prêter l’esprit n’est pas français ; mais c’est une licence qu’on devrait peut-être accorder à la poésie.

Et son dernier soupir est un soupir illustre[5].

Soupir illustre est bon, à la vérité, en grammaire ; mais en poésie il tient un peu du phébus.

Ce prince d’un sénat maître de l’univers[6]

Sitôt que d’un malheur sa fortune est suivie[7],
Les monstres de l’Égypte ordonnent de sa vie !

La construction est vicieuse : elle serait pardonnable à une

  1. Acte I, scène ire, v. 127.
  2. Ibid., 139-140.
  3. Ibid., 181.
  4. Acte {{rom-maj|II, scène ii. v. 78.
  5. Acte {{rom-maj|II, scène ii, v. 80.
  6. Ibid., 129.
  7. Ibid., 135-36.