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SUR PIERRE LE GRAND.


nation ne serait donne à aucun Russe ; et il y avait encore à parier environ seize millions, qui faisaient le nombre des Russes d’alors, contre un, que ce lot de la nature ne tomberait pas au czar. Cependant la chose est arrivée. Il a fallu un nombre prodigieux de combinaisons et de siècles avant que la nature fît naître celui qui devait inventer la charrue, et celui à qui nous devons l’art de la navette. Aujourd’hui, les Russes ne sont plus surpris de leurs progrès ; ils se sont, en moins de cinquante ans, familiarisés avec tous les arts. On dirait que ces arts sont anciens chez eux. Il y a encore de vastes climats en Afrique où les hommes ont besoin d’un czar Pierre : il viendra peut-être dans des millions d’années, car tout vient trop tard.

FIN DES ANECDOTES SUR PIERRE LE GRAND.