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VÉRITÉ.

manche à balai qui en tenait lieu : et les juges, qui n’étaient pas sorciers, les brûlaient.

Les verges de bouleau sont une poignée de scions dont on frappe les malfaiteurs sur le dos. Il est honteux et abominable qu’on inflige un pareil châtiment sur les fesses à de jeunes garçons et à de jeunes filles. C’était autrefois le supplice des esclaves. J’ai vu, dans des colléges, des barbares qui faisaient dépouiller des enfants presque entièrement ; une espèce de bourreau, souvent ivre, les déchirait avec de longues verges, qui mettaient en sang leurs aines, et les faisaient enfler démesurément. D’autres les faisaient frapper avec douceur, et il en naissait un autre inconvénient : les deux nerfs qui vont du sphincter au pubis, étant irrités, causaient des pollutions ; c’est ce qui est arrivé souvent à de jeunes filles.

Par une police incompréhensible, les jésuites du Paraguai fouettaient les pères et les mères de famille sur leurs fesses nues[1]. Quand il n’y aurait eu que cette raison pour chasser les jésuites, elle aurait suffi[2].



VÉRITÉ[3].


« Pilate lui dit alors : Vous êtes donc roi ? Jésus lui répondit : Vous dites que je suis roi, c’est pour cela que je suis né et que je suis venu au monde, afin de rendre témoignage à la vérité ; tout homme qui est de vérité écoute ma voix.

Pilate lui dit : Qu’est-ce que vérité ? et ayant dit cela, il sortit, etc. » (Jean, chap. xviii.)

Il est triste pour le genre humain que Pilate sortît sans attendre la réponse ; nous saurions ce que c’est que la vérité. Pilate était

  1. Voyez le Voyage de M. le colonel de Bougainville, et les Lettres sur le Paraguai. (Note de Voltaire.)
  2. Dans le temps de la révocation de l’édit de Nantes, les religieuses chez qui l’on enfermait les filles arrachées des bras de leurs parents ne manquaient pas de les fouetter vigoureusement lorsqu’elles ne voulaient pas assister à la messe le dimanche ; quand les religieuses n’étaient pas assez fortes, elles demandaient du secours à la garnison, et l’exécution se faisait par des grenadiers, en présence d’un officier major. Voyez l’Histoire de la révocation de l’édit de Nantes. (Note de Voltaire.) — L’ouvrage auquel on renvoie dans cette note est celui de Benoist ; il est intitulé Histoire de l’édit de Nantes, etc., jusques à l’édit de révocation, en octobre 1685, et de ce qui a suivi ce nouvel édit jusqu’à présent ; Delft, 1693-90, 3 tomes en 5 volumes in-4o.

    Des sévices analogues eurent lieu contre les religieuses, pendant la Révolution (1790).

  3. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)