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RÉSURRECTION.

son père, fut ressuscité par les dieux. Platon raconte qu’Hérès ressuscita pour quinze jours seulement.

Les pharisiens, chez les Juifs, n’adoptèrent le dogme de la résurrection que très-longtemps après Platon.

Il y a dans les Actes des apôtres un fait bien singulier, et bien digne d’attention. Saint Jacques et plusieurs de ses compagnons conseillent à saint Paul d’aller dans le temple de Jérusalem observer toutes les cérémonies de l’ancienne loi, tout chrétien qu’il était, « afin que tous sachent, disent-ils, que tout ce qu’on dit de vous est faux, et que vous continuez de garder la loi de Moïse ». C’est dire bien clairement : Allez mentir, allez vous parjurer, allez renier publiquement la religion que vous enseignez.

Saint Paul alla donc pendant sept jours dans le temple, mais le septième il fut reconnu. On l’accusa d’y être venu avec des étrangers, et de l’avoir profané. Voici comment il se tira d’affaire :

« Or, Paul sachant qu’une partie de ceux qui étaient là étaient saducéens, et l’autre pharisiens, il s’écria dans l’assemblée : Mes frères, je suis pharisien et fils de pharisien ; c’est à cause de l’espérance d’une autre vie et de la résurrection des morts que l’on veut me condamner[1]. » Il n’avait point du tout été question de la résurrection des morts dans toute cette affaire ; Paul ne le disait que pour animer les pharisiens et les saducéens les uns contre les autres.

V. 7. « Paul ayant parlé de la sorte, il s’émut une dissension entre les pharisiens et les saducéens ; et l’assemblée fut divisée. »

V. 8. « Car les saducéens disent qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit, au lieu que les pharisiens reconnaissent et l’un et l’autre, etc. »

On a prétendu que Job, qui est très-ancien, connaissait le dogme de la résurrection. On cite ces paroles : « Je sais que mon rédempteur est vivant, et qu’un jour sa rédemption s’élèvera sur moi, ou que je me relèverai de la poussière, que ma peau reviendra, que je verrai encore Dieu dans ma chair[2]. »

Mais plusieurs commentateurs entendent par ces paroles que Job espère qu’il relèvera bientôt de maladie, et qu’il ne demeurera pas toujours couché sur la terre comme il l’était. La suite prouve assez que cette explication est la véritable ; car il s’écrie le moment d’après à ses faux et durs amis : « Pourquoi donc dites-

  1. Actes des apôtres, chapitre xxiii, v. 6. (Note de Voltaire.)
  2. Job, chapitre xix, v. 26.