Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome20.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
QUISQUIS. LANGLEVIEL.

OBSERVATION SUR TOUS CES LIBELLES DIFFAMATOIRES.

Que tous ceux qui sont tentés d’écrire de telles infamies se disent : Il n’y a point d’exemple qu’un libelle ait fait le moindre bien à son auteur : jamais on ne recueillit de profit ni de gloire dans cette carrière honteuse. De tous ces libelles contre Louis XIV, il n’en est pas un seul aujourd’hui qui soit un livre de bibliothèque, et qui ne soit tombé dans un oubli profond. De cent combats meurtriers livrés dans une guerre, et dont chacun semblait devoir décider du destin d’un État, il en est à peine trois ou quatre qui laissent un long souvenir ; les événements tombent les uns sur les autres, comme les feuilles dans l’automne pour disparaître sur la terre ; et un gredin voudrait que son libelle obscur demeurât dans la mémoire des hommes ! Le gredin vous répond : On se souvient des vers d’Horace contre Pantolabus, contre Nomentanus, et de ceux de Boileau contre Cotin et l’abbé de Pure. On réplique au gredin : Ce ne sont point là des libelles ; si tu veux mortifier tes adversaires, tâche d’imiter Boileau et Horace ; mais quand tu auras un peu de leur bon sens et de leur génie, tu ne feras plus de libelles.


ERRATA ET SUPPLÉMENT À L’ARTICLE LANGLEVIEL
des QUESTIONS SUR L’ENCYCLOPÉDIE[1].


Langleviel n’est pas le nom du personnage qui est l’objet de cet article ; il se nomme Angliviel, et s’est surnommé de La Beaumelle pour les causes ci-après.

Feu M. d’Avéjan, évêque d’Alais, y fonda un collége de vingt-cinq bourses pour vingt-cinq jeunes gens fils de père ou de mère protestants, afin de les faire élever dans la religion catholique. N... Angliviel a été de ce nombre. Il était fils d’un soldat irlandais qui s’était marié à Valerogues[2], gros bourg du diocèse d’Alais, avec une protestante ; et voilà pourquoi son fils, qu’il avait laissé orphelin en bas âge, fut du nombre de ces vingt-cinq, monsieur l’évêque ne voulant pas lui laisser sucer avec le lait les erreurs de sa mère. Il fit de bonnes études dans ce collége, qui était alors

  1. Cette addition m’a été communiquée par feu Decroix, l’un des éditeurs de l’édition de Kehl. Elle paraît ici pour la première fois. Ce 4 juin 1829. (B.) — Voyez Voltaire et Frédéric, par G. Desnoireterres, page 216 et suiv.
  2. Lisez : Valleraugue.