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PUISSANCE.

immense donnée aux diables, la prédilection accordée par le grand Être au peuple juif, et le baptême substitué à l’amputation du prépuce, sont les réponses qui éclaircissent tout. Nous n’avons argumenté que contre Zoroastre, et non contre l’Université de Conimbre on Coïmbre, à laquelle nous nous soumettons dans tous nos articles. (Voyez les Lettres de Memmius à Cicéron[1], et répondez-y, si vous pouvez.)



PUISSANCE.
les deux puissances.
SECTION PREMIÈRE[2].

Quiconque tient le sceptre et l’encensoir a les deux mains fort occupées. On peut le regarder comme un homme fort habile, s’il commande à des peuples qui ont le sens commun ; mais s’il n’a affaire qu’à des imbéciles, à des espèces de sauvages, on peut le comparer au cocher de Bernier, que son maître rencontra un jour dans un carrefour de Delhi, haranguant la populace et lui vendant de l’orviétan. « Quoi ! Lapierre, lui dit Bernier, tu es devenu médecin ? — Oui, monsieur, lui répondit le cocher ; tel peuple, tel charlatan. »

Le daïri des Japonais, le dalaï-lama du Thibet, auraient pu en dire autant. Numa Pompilius même, avec son Égérie, aurait fait la même réponse à Bernier. Melchisédech était probablement dans le cas, aussi bien que cet Anius dont parle Virgile au troisième chant de l’Énéide :

Rex Anius, rex idem hominum Phœbique sacerdos,
Vittis et sacra redimitus tempora lauro.

(V. 80, 81.)

Je ne sais quel translateur du xvie siècle a translaté ainsi ces vers de Virgile :

Anius, qui fut roi tout ainsi qu’il fut prêtre,
Mange à deux râteliers, et doublement est maître.

Ce charlatan Anius n’était roi que de l’île de Délos, très-chétif royaume, qui, après celui de Melchisédech et d’Yvetot, était un

  1. Dans les Mélanges, année 1771.
  2. Cette première section formait tout l’article dans les Questions sur l’Encyclopédie, huitième partie, 1771. (B.)