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L’orgueil de vous aimer, le bonheur de vous plaire,
Vos terreurs, vos bontés, la céleste colère,
Tant de biens, tant de maux, me pressent à la lois.
Que mes sens accablés succombent sous leur poids.
Encor loin de ce rang que vos bontés m’apprêtent,
C’est sur vos seuls dangers que mes regards s’arrêtent.
C’est pour vous délivrer de ce péril nouveau
Que votre époux lui-même a quitté le tombeau.
Vous avez d’un barbare entendu la menace ;
Où ne peut point aller sa criminelle audace ?
Souffrez qu’au palais même assemblant vos soldats.
J’assure au moins vos jours contre ses attentats ;
Que du peuple étonné j’apaise les alarmes ;
Que, prêts au moindre bruit, mes amis soient en armes.
C’est en vous défendant que je dois mériter
Le trône où votre choix m’ordonne de monter.

ÉRIPHYLE.

Allez : je vais au temple, où d’autres sacrifices
Pourront rendre les dieux à mes vœux plus propices.
Ils ne recevront pas d’un regard de courroux
In encens que mes mains n’offriront que pour vous’.

1. » En votre conscience, écrit Voltaire à Cideville sur cette fin d’acte, n’avez- vous pas senti de la langueur et du froid lorsqu’au troisième acte Théandre vient annoncer que les Furies se sont emparées de l’autel, etc. ? Ce que dit la reine a A’cméon dans ce moment est beau, mais on est étonné que ce beau ne touche point. La raison en est, à mon avis, que la reine est trop longtemps bernée par les dieux. Elle n’a pas le loisir de respirer, elle n"a pas un instant d’espérance et de joie : donc elle ne change point d’état, donc elle ne doit point remuer le spectateur, donc il faut retrancher cette lin du troisième acte. »

FIN Du TROISIEME ACTE,