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484 ÉRIPHVLE.

SCÈNE V.

ÉRIl’UVLE, ALC.MÉUN.

ÉRIPH\LE.

Ah ! seigneur, deineurez. Eh quoi ! je vois les dieux, les enfers, et la terre. S’élever tous ensemhle et m’apporter la guerre : Mes ennemis, les morts, contre moi déchaînés ; Tout l’univers m’outrage, et vous m’ahandonnez !

ALCMÉON.

Je vais périr pour vous, ou punir llermogide. Vous servir, vous venger, vous sauver d’un perfide.

ÉRIPHYLE.

Je vous faisais son roi ; mais, hélas ! mais, seigneur. Arrêtez ; connaissez mon trouble et ma douleur. Le désesj)oir, la mort, le crime m’environne : J’ai cru les écarter en vous plaçant au trône ; J’ai cru nu^ne apaiser ces mânes en courroux. Ces mânes soulevés de mon premier époux. Hélas ! combien de fois, de mes douleurs pressée. Quand le sort de mon fils accablait ma pensée, Et qu’un léger sommeil venait enfin couvrir

  • Mes yeux trempés de pleurs et lassés de s’ouvrir :

Combien de fois ces dieux ont semblé me j)rescrire De vous donner ma main, mon cœur et mon empire ! Cependant, quand je touche au moment fortuné

Où vous montez au trône à mon fils destiné, Le ciel et les enfers alarment mon courage ; Je vois les dieux armés condamner leur ouvrage :

  • Et vous seul m’inspirez plus de trouble et d’eiVroi
  • Que le ciel et ces morts irrités contre moi.
  • Je tremble en vous donnant ce sacré diadènu’ :
  • Ma bouche en frémissant prononce : » Je \()iis aime. >
  • D’un pouvoir inconnu l’invincible ascendanl

^Al’entraîne ici vers vous, m’en repousse à l’instant,

  • Et, par un sentinu’nt ([iie je ne j)uis comprendi’e,
  • Mêle une liori’eui’ affreuse à l’amour le |)lus tendre.

AI.CMKON.

Quels momerds ! ((uel nu’lange, ô dieux (jui m’écoutez ! D’étonucnuMit, d’horreurs, et de félicités !