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i66 ÉRIPHYLE.

Vous affranchit des lois d’un injuste hyménée, Vous sortiez de l’enfance, et de vos tristes jours Seize printemps à peine avaient formé le cours.

ÉRIPHYLE.

C’est cet âge fatal et sans expérience,

Ouvert aux passions, faible, plein d’imprudence ;

C’est cet âge indiscret qui fit tout mon malheur.

In traître avait surpris le chemin de mon cœur :

L’aurais-tu pu penser que ce fier Hermogide,

Race des demi-dieux, issu du sang d’Alcide,

Sous Fappàt d’un amour si tendre, si flatteur,

Des plus noirs sentiments cachât la profondeur ?

On lui promit ma main : ce cœur faible et sincère,

Dans ses rapides vœux soumis aux lois d’un père.

Trompé par son devoir et trop tôt enflammé,

Brûla pour un barbare indigne d’être aimé :

Et quand sous d’autres lois il fallut me contraindre,

Mes feux trop allumés ne pouvaient plus s’éteindre,

Amphiaraiis en vain me demanda ma foi,

Et l’empire d’un cœur qui n’était plus à moi.

L’amour qui m’aveuglait… ah ! quelle erreur m’abuse !

L’amour aux attentats doit-il servir d’excuse ?

Objet de mes remords, objet de ma pitié,

Demi-dieu dont je fus la coupable moitié.

Je portai dans tes bras une ardeur étrangère ;

J’écoutai le cruel qui m’avait trop su plaire.

il répandit sur nous et sur notre union

La discorde, la haine et la confusion.

Cette soif de régner, dont il brûlait dans l’âme.

De son coupable amour enqioisonnait la flamme :

Je vis le coup affreux qu’il allait te porter,

Et je n’osai lever le bras pour l’arrêter.

Ma faiblesse a conduit les coups du parricide !

C’est moi qui t’immolai par la main d’Mermogide.

Venge-toi, mais du moins songe avec quelle horreur

J’ai reçu l’ennemi qui fut mon séducteur.

Je m’abhorre moi-même, et je me rends jusiicc :

Je t’ai déjà vengé ; mon crime est mon supplice.

ZÉLONIDE.

N’écartenv-vous i)oiut ce cruel soii\enir ?

Des fureurs d’un barbare ardente à aous punir,

A’efTacerez-vous point cette image si noire ?