Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/469

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ENTRÉE DE DIVERSES NATIONS
APRÈS LA DANSE.


UNE TURQUE CHANTE.

Tout l’Orient
Est un vaste couvent.
un musulman voit à ses volontés
Obéir cent beautés.
La coutume est bien contraire en France,
Une femme sous ses lois
A vingt amants à la fois.
Ah ! quelle différence !

Un Portugais
Est toujours aux aguets,
Et jour et nuit de son diable battu,
Il craint d’être cocu.
On n’est point si difficile en France :
Un mari, sans craindre rien,
Est cocu tout aussi bien ;
Ah ! quelle différence !

Par tout pays
On voit de sots maris,
Fesse-mathieux, ou bourrus, ou jaloux ;
On les respecte tous.
C’est, ma foi, tout autre chose en France :
Un seul couplet de chanson
Les met tous à la raison ;
Ah ! quelle différence !

Un Allemand
Est quelquefois pesant ;
Le sombre Anglais même dans ses amours
Veut raisonner toujours.