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LE CHEVALIER.

Je resterai jusqu’à ce que je voie de quoi il s’agit.

FANCHON.

Oh ! oh ! vous voulez être jaloux.

LE CHEVALIER.

Non, mais je suis curieux.

FANCHON.

Je n’aime ni les curieux ni les jaloux, je vous en avertis : si vous étiez mon mari, je ne vous pardonnerais jamais : mais je vous le passe, parce que vous n’êtes que mon amant. Dénichez, voici ma sœur.

LE CHEVALIER.

Puisque ce n’est que sa sœur, encore passe.


Scène VII.

LA COMTESSE, FANCHON.
FANCHON.

Ma chère sœur, vos affaires et les miennes sont embarrassantes : ce n’est pas une petite entreprise de réformer le cœur de monsieur le comte, et de renvoyer le monstre marin qu’on me veut donner. Mais où avez-vous laissé M. du Cap-Vert ?

LA COMTESSE.

Il est là-bas qui gronde tout le monde, et qui jure qu’il vous épousera dans un quart d’heure. Mais, monsieur le comte, que fait-il, ma sœur ?

FANCHON.

Il est à sa toilette qui se poudre pour vous recevoir.

LA COMTESSE.

Va-t-il venir bientôt ?

FANCHON.

Tout à l’heure.

LA COMTESSE.

Ne me reconnaîtra-t-il point ?

FANCHON.

Non, si vous parlez bas, si vous déguisez le son de votre voix, et s’il n’y a point de lumières.

LA COMTESSE.

Le cœur me bat, les larmes me viennent aux yeux…