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BRUTUS.

Achève, malheureux !

TITUS.

Une plus grande erreur, lii feu qui de mes sens est même encor le maître, (Mii lit tout mon forfait, qui raugmente peut-être. C’est trop vous offenser par cet aveu honteux, Inutile pour Rome, indigne de nous deux. Mon malheur est au comble ainsi que ma furie : Terminez mes forfaits, mon désespoir, ma vie, ^ otre opprobre et le mien. Mais si dans les combats J’avais suiw la trace où m’ont conduit vos pas, Si je vous imitai, si j’aimai ma patrie. D’un remords assez grand si ma faute est suivie,

(Il se jette à genoux.)

A cet infortuné daignez ouvrir les bras : Dites du moins : Mon fils, Brutus ne te hait pas ; Ce mot seul, me rendant mes vertus et ma gloire. De la honte où je suis défendra ma mémoire : On dira que Titus, descendant chez les morts. Eut un regard de vous pour prix de ses remords. Que vous l’aimiez encore, et que, malgré son crime. Votre fils dans la tombe emporta votre estime.

BRUTUS.

Son remords me l’arrache. Rome ! ô mon pays ! Proculus… à la mort que Ton mène mon fils. Lève-toi, triste objet d’horreur et de tendresse ; Lève-toi, cher appui qu’espérait ma vieillesse ; Viens embrasser ton père : il t’a du condamner : Mais, s’il n’était Brutus, il fallait pardonner. Mes pleurs, en te parlant, inondent ton visage : Va, porte à ton supplice un plus mâle courage ; Va, ne t’attendris point, sois plus Romain que moi, Et que Rome t’admire en se vengeant de loi.

TITUS.

Adieu : je vais périr digne encor de mon père.

(On l’emmène.)