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324 DISCOURS

cos mauvais vers que récitait d"iiii tou séduisant l’Esoi)iis’ du dernier siècle :

Ah ! lorsque, pénétré d’un amour véritable.
Et gémissant aux pieds d’un objet adorable,
J’ai connu dans ses yeux timides ou distraits
Que mes soins de son cœur ont pu troubler la paix ;
Que, par l’aveu secret d’une ardeur mutuelle,
La mienne a pris encore une force nouvelle :
Dans ces moments si doux, j’ai cent fois éprouvé
Qu’un mortel peut goûter un bonheur achevé-.

Dans votre Venise saucée, le vieux Renaud veut violer la femme de Jaffier, et elle s’en plaint en termes assez indécents, jusqu'à dire qu’il est venu à elle unbutton'd, déboutonné.

Pour que l’amour soit digne du théâtre tragique, il tant (uril soit le nœud nécessaire de la pièce, et non qu’il soit ameiu’ |)ar force, pour remplir le vide de vos tragédies et des nôtres, (jiii sont toutes trop longues ; /il faut que ce soit une passion véritablement tragique, regardée comme une faiblesse, et combattue par des remords. Il faut, ou que l’amour conduise aux malheurs et aux crimes, pour faire voir combien il est dangereux ; ou que la vertu en triomphe, pour montrer qu’il n’est pas invincible : sans cela, ce n’est plus qu’un amour d’églogue ou de comédie.

C’est à vous, mylord, à décider si j’ai rempli quelques-unes de ces conditions ; mais que vos amis daignent surtout ne point juger du génie et du goût de notre nation par ce discours et par cette tragédie que je vous envoie. Je suis peut-être un de ceux qui cultivent les lettres en France avec moins de succès ; et si les sentiments que je soumets ici à votre censure sont désapprouvés, c’est à moi seul qu’en appartient le blâme.

Au reste ^ je dois vous dire qne dans le grand nombre de fautes dont cette tragédie est pleine, il y en a quelques-unes contre l’exacte pureté de notre langue. .Te ne suis point un autenr assez considérable ponr qu’il me soit permis de passer (fiudipiefois |)ar- dessiis les règles sévères de la grammaire.

Il \ a lin endroit ’ où ïnilie dit :

Home cl nidi dans un jour on ! vu clianger leur soi’t.

1. Lo, comédien Haron. Il venaitdo mourir (3 sept. lliO). ’2, Alcibiade, do Campistron, I, ni.

3. Toute cette fin se trouve dans l’édition do 1731, et fut conservée dans rédi- lion de 173G, mais supprimée dans celle de 1738. (13.) i. Acte II, scène i"’. Voyez les variâmes.