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n’ait Irop raison. Noire dcliratcssc cxcesslNe iiuub lurce (jii(’l(]ii(’- Ibis à iiicltic en iccil <•(■ (|ii(’ nous voudrions exposer aux yeux. Aoiis crait^noiis de liasaidcr sur la scène des spectacles noincaux de\ant une nation accoutumée à tourner en ridicule tout ce (|ui n’est pas d’usage.

L’endroit où l’on joue la comédie, et les ahus (jui s’y sont glis- sés, sont encore une cause de cette séciieresse ([u’on |)eut repro- cher à quelques-unes de nos pièces. Les bancs qui sont sur le théâtre, destinés aux spectateurs, rétrécissent la scène, et rendent toute action presque impraticable’. Ce défaut est cause que les décorations, tant recommandées par les anciens, sont rarement convenables à la pièce. Il empêche surtout que les acteurs ne passent d’un appartement dans un autre aux yeux des spectateurs, comme les Grecs et los lîomains le prati([uaient sagement, pour conserver à la fois l’unité de lieu et la vi’aisemblance.

Exemple (ht Catox {iiu/hil^y.

Comment oserions-nous, sur nos théâtres, faire paraître, par exemple, l’ombre de Pompée, ou le génie de Brutus, au milieu de tant de jeunes gens (jui ne regardent jamais les choses les plus sérieuses que comme l’occasion de dire un bon mot ? Comment apporter au milieu d’eux sur la scène le corps de Marcus devant Caton son père, ([ui s’écrie : « Heureux jeune homme, tu es mort pour ton pays ! 0 mes amis, laissez-moi compter ces glorieuses blessures ! Qui ne voudrait mourir ainsi pour la patrie ? Pourquoi n’a-t-on qu’une vie à lui sacrifier ?… Mes amis, ne pleurez point ma perte, ne regrettez point mon fils : pleurez Rome : la maîtresse du monde n’est plus. liberté ! ô ma patrie ! ù vertu ! etc. » Voilà ce que feu [M. Addison ne craignit point de faire représenter à Londres : vdjilà ce qui fut joué, traduit en italien, dans plus d’une \ille d’Italie’. Mais si nous hasardions à Paris un tel spectacle, n’entendez-vous pas déjà le parterre qui se récrie, et ne voyez- \ (MIS pas nos femmes qui détournent la tête ?

d’admirables madrigaux ; je crois qu’on peut dire de la tragédie française qu’elle est aussi une réunion de belles élégies et de pompeux épitlialames. »

1. Enfin ces plaintes réitérées de Voltaire ont opéré la réforme du théâtre en France, et ces abus ne subsistent plus. — Cette note est de 17G4. Voltaire s’était aussi plaint de l’état de la scène, dans sa Dissertation en tète de Sémiramis. Ce ne fut qu’en 1760 que le théâtre fut enfin débarrassé des bancs qui l’obstruaient : vojez la dédicace à M. de Lauraguais, en tète de VÉcossaise. (B.)