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Moiisoigiiciir le comte de Cloniiont et tous les citoyens do Bélébat (’taient rangés sur dos tabourots : ils a\aiont tous dos bran- clios i]o laurior à la main, (le Ix’lh^s nioustaclios l’aitos a^oc du cliarbon, un bonnet de papier sur la tôto, lait en forme de pain de sucre ; et sur cha(|uo bonnet on lisait en grosses lettres le nom des plus grands poètes (\o ranti(]uité. Ceux qui faisaient les fonctions de grands -maîtres des cén-monies a\ aient une cou- ronne de laurier sur la fête, un bâton à la main, et étaient décorés d’un taj)is \ort (jui leur servait do maide.

Tout étant disposé, et le curé étant arrivé dans une calèche à six chevaux qn’on avait envoyée au-do\ant de lui, il fut conduit à son trône. Dès qu’il fut assis, l’orateur lui prononça à genoux une harangue dans le style de l’Académie, pleine de louanges, d’antithèses, et de mots nouveaux. Le curé reçut tous ces éloges avec l’air d’un homme qui sait bien qu’il en mérite encore davantage, car tout le monde n’est pas de l’humeur de notre reine [1], qui hait les louanges autant qu’elle les mérite. Apres la harangue on exécuta le concert dont on vous envoie les paroles ; les chœurs allèrent à merveille, et la cérémonie finit par une grande pièce de vers pompeux, à laquelle ni les assistants, ni le curé, ni l’auteur, n’entendirent rien. Il faudrait avoir été témoin de cette fête pour en bien sentir l’agrément : les projets et les préparatifs de ces divertissements sont toujours agréables, l’exécution rarement bonne, et le récit souvent ennuyeux.

Ainsi, dans les plaisirs d’une vie innocente,
Nous attendons tous l’heureux jour
Où nous reverrons le séjour
De cette reine aimable et bienfaisante.
L’objet de nos respects, l’objet de notre amour :
Le plaisir de vivre à sa cour
Vaut la fête la plus brillante.

Le curé de Courdimanche s’étant placé sur le trône qui lui était destiné, tous les habitants de Courdimanche vinrent en cérémonie le haranguer ; Voltaire porta la parole. La harangue finie, la cérémonie commença.

UN HABITANT DE COURDIMANCHE chante.

Peuples fortunés de Courdimanche,
Devant le curé que tout s’epancbe :

  1. Marie Leczinska, qui venait d’épouser Louis XV.